Théâtre : « Lisbeth’s » de Fabrice Melquiot

La lumière envahit la scène, illuminant Marie Druc et Valentin Rossier. Tous deux se tiennent derrière un micro. Elle s’appellera Lisbeth et lui Pietr. Ils entament cette histoire accrochés respectivement à leur micro. Très vite, le spectateur est captivé par la sensualité de leurs voix qui sublime son imaginaire. Le film de la rencontre de Lisbeth et de Pietr se déroule sous ses yeux. Les hésitations, les non-dits et les silences gênés résonnent avec force et concourent à enjoliver cette belle histoire d’amour empreinte de passion et de sensualité. Elle vient de se séparer de son mari et patron et lui est représentant de commerce. Au coup de foudre succède la faim de l’autre où le corps se doit et exige d’exulter. Ils sont inséparables et se présentent naturellement sous leur meilleur jour. La narration alterne entre Pietr et Lisbeth. Face au désir irrépressible, une angoisse grandissante se fait jour. Chacun se raconte et déroule sa vérité. Une certitude où le passé en est le grand absent. Telle une fuite d’eau qu’on essaye de colmater, l’eau parvient toujours à s’échapper par quelque interstice…

Le jeu quasi statique des comédiens entretient un suspense haletant à cette histoire hors-normes à la saveur sensuelle. Le texte de Fabrice Melquiot est adapté avec intelligence et délicatesse. Divinement interprété par Marie Druc et Valentin Rossier, ce spectacle résonne toujours en nous malgré sa conclusion.

Laurent Schteiner