Sylvain Creuzevault vient de signer la mise en scène des Frères Karamazov d’après Fédor Dostoïevski au théâtre de l’Odéon. Ce spectacle s’apparentant à une farce tient compte malgré tout des lignes politiques et philosophiques sous-jacentes qui agitent le dernier quart du XIXe siècle. Adaptant ce roman fleuve à la scène Sylvain Creuzevault a réussi à traduire avec modernité ce chef d’oeuvre de la pensée occidentale.

Par-delà cette histoire de parricide, Dostoïevski met en lumière la place de l’homme aux prises avec ses croyances : athéisme ou croyance en Dieu. L’enjeu se situe à ce niveau. Si Dieu est mort tout est possible. Cet athéisme ouvre la voie à la dissolution du bien et mal. L’homme conquiert sa liberté abandonnant une morale édictée par les évangiles. La frontière entre le bien et le mal devient alors floue. Mais à ce point du renoncement, l’homme n’est-il pas tenté de prendre la place de Dieu. C’est ce que fustige Dostoïevski dans son oeuvre. Le floutage de bien et du mal ramène l’homme vers une figure de soumission quelle qu’elle soit. Ivan dénoncera davantage la récupération de la religion chrétienne par homme qui choisir d’assoir son pouvoir sur ses congénères. L’oeuvre, elle-même met l’accent sur le mensonge. Tout le monde ment. Personne n’est sincère. Ce raccourci procède du mensonge que représente Dieu. Si Dieu n’existe pas, on le remplace par d’autres figues : le père ou la mère patrie. L’homme a besoin d’une soumission pour exister.

Sylvain Creuzevault, intelligemment résume sur de grands panneaux déroulants le contexte de cette oeuvre, permettant d’aborder les scènes qui semblent capitales pour la bonne compréhension du public. La mise en scène est très riche et exigeante. Les tableaux se succèdent avec fluidité et les comédien tous excellents enlèvent cette adaptation avec brio. L’humour, qui prédomine cà ette adaptation, se conjugue à la perfection avec les idées maitresses de l’auteur.

Laurent Schteiner

Les frères Karamazov de Fédor Dostoïevski
Mise en scène de Sylvain Creuzevault 
traduction française André Markowicz

avec Nicolas Bouchaud, Sylvain Creuzevault,  Servane Ducorps, Vladislav Galard, Arthur Igual, Sava Lolov, Frédéric Noaille, Blanche Ripoche, Sylvain Sounier et les musiciens Sylvaine Hélary et Antonin Rayon

  • dramaturgie Julien Allavena
  • scénographie Jean-Baptiste Bellon
  • lumière Vyara Stefanova
  • création musique Sylvaine Hélary, Antonin Rayon
  • maquillage Mytil Brimeur
  • masques Loïc Nébréda
  • costumes Gwendoline Bouget
  • son Michaël Schaller
  • vidéo Valentin Dabbadie
  • ©Simon-Gosselin

Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
75006 Paris

loc : 01 44 85 40 40

22 octobre – 13 novembre – à 19h du mardi au samedi, 15h le dimanche

Tournées :

  • 23-24 novembre : L’empreinte – Scène de Brive-Tulle
  • 12-14 janvier : Théâtre des treize vents  – Centre Dramatique national de Montpellier
  • 17-18 février : Points communs – nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise
  • 11-19 mars : Théâtre national de Strasbourg
  • 24-25 mars : Bonlieu  Scène Nationale  – Annecy
  • 13-14 avril : La Coursive : scène nationale de La Rochelle
  • 29-30 avril : Teatro national Sao Joao – Porto

 

 

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