Théâtre : « Derrière le hublot se cache parfois du linge » de la Compagnie les Filles de Simone

Le Montfort Théâtre nous propose actuellement une pièce singulière et désopilante traitant des rapports dans le couple, Derrière le hublot se cache parfois du linge. Ce spectacle découpe au scalpel les rapports antagonistes entre homme et femme, dans une vie quotidienne, qui est loin d’être un long fleuve tranquille. Avec à-propos et humour, il stigmatise les clichés afin de dénoncer le patriarcat qui a façonné notre société. 

Le fait de commencer par un bord de plateau témoigne de l’esprit de comique ravageur de cette compagnie qui n’hésite à forcer le trait afin de susciter des réactions. Dépasser les clichés constitue le moteur de cette pièce. Mis en route à partir d’un important matériel sociologique, historique, littéraire et théâtral, il met en exergue les penchants masculins hérités du patriarcat dans le couple en les discréditant avec précision et humour. Les idéaux d’amour absolu des femmes transmis par les fables de l’enfance les poussent à une forme de soumission dans le couple. De facto, elles se heurtent à une domination que les hommes exercent naturellement puisqu’il s’agit du terreau sur lequel ils ont grandi. Les exemples ne manquent pas. Ainsi, les efforts des hommes pour redresser cette inégalité s’accompagnent de mouvements jugés peu naturels par ceux-ci mêmes, qui attendent toujours en retour des remerciements. Les références cinématographiques, de la chanson ou du théâtre illustrent le poids de ce déséquilibre dans le couple. Il apparait, ainsi à travers ce kaléidoscope que les dés sont à l’avance pipés. A ces racines patriarcales qui font l’ADN de l’homme, s’attache également une possible violence susceptible d’éclater afin de défendre un statut sociétal quelque peu malmené.

La scénographie composée de différents espaces assure au spectacle une transition entre les différentes phases de jeu, qu’elles soient intimes ou publiques. La portée délirante de ces scènes permet de dénoncer les représentions écrasantes faites au deux sexes façonnant, déterminant et polluant leur futur vécu. Exprimer le ridicule de la situation permet d’interroger ce patriarcat enraciné afin de faire bouger les lignes et les comportements. Une expression de besoins débuterait certainement par la révision du mode d’éducation ancestral et poussiéreux des petits garçons et des petites filles. Vaste sujet qu’il ne convient cependant pas d’écarter en raison de sa complexité. Rendons hommage au brio de ces comédiens qui agissent comme le révélateur d’une photo prise sur le vif et appelée à un développement dissonant. L’aspect précieux de ce spectacle plein d’humour passe par des prises de conscience préalables à tout changement. Ce qui est loin d’être négligeable.

Laurent Schteiner