Depuis le mois de janvier 2022, Le Théâtre Fontaine accueille en son sein une comédie atypique imaginée par Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras et mise en scène par José Paul. Ce spectacle jovial et déjanté nous transporte dans le Berlin d’avant la chute du bloc soviétique où deux tourtereaux Emma et Ludwig tentent de passer à L’Ouest.

A l’extinction des lumières, s’élève peu à peu un mur de béton cerné par des barbelés des barricades et tout un dispositif dissuadant quiconque de tenter de le franchir : le mur de Berlin. Il est reconstitué en image de synthèse et défile projeté sur une toile translucide. On découvre ce tableau froid et lugubre qui laisse furtivement entrevoir le lieu de la première scène, tandis qu’un speaker parle à la radio et annonce l’élévation du rideau de fer. On entre in medias res dans la situation. Un homme introduit une jeune femme dans son appartement aux murs ornés de marteaux et de faucilles. Désirant passer à l’Ouest, Emma Keller s’est faite engagée comme infirmière, afin de trouver l’entrée secrète menant à la frontière qui la fera gagner l’Ouest. A l’instant où elle a passé la porte rouge de cette maison, cette dernière ne réalise pas qu’elle vient de pénétrer chez un redoutable agent de la Stasi prénommé Werner.
Cette quête qui s’annonce dangereuse d’entrée de jeu est amenée avec un ton burlesque qui contraste nettement avec le caractère dramatique de la situation.

crédit photo :Bernard Richebé

Si le parti pris d’évoquer la période de la guerre froide sous le prisme de la comédie est inattendu, le sujet de la pièce en lui-même n’a rien de léger. Pourtant les entrées et sorties des personnages, les quiproquos, les stichomythies et les péripéties s’enchaînent à un rythme effréné, à l’image d’une pièce de Feydeau. Ce qui contribue à la légèreté du spectacle, est la présence de chansons, aussi bien  Kalinka réclamée par la maman de Werner pour s’endormir, ou Berlin Berlin qui ponctue le changement de décors. Cette séquence n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler un certain dictateur russe moustachu qui faisait arrêter quiconque cessait de l’applaudir. Dans ce spectacle hilarant, les références au stalinisme foisonnent dans la bouche des comédiens qui usent de comique de répétitions et de comique de situations, donnant à la pièce une allure de bande dessinée. Sans doute, certains pourraient y voir une ressemblance avec La Mort de Staline adaptée au cinéma. Berlin Berlin nous livre une satire savoureuse de la bureaucratie soviétique et du totalitarisme, ce qui tend avec délice à nous faire réfléchir à cette période de l’Histoire qui rencontre quelques similitudes avec le contexte de ces dernières semaines.

Marie-Amélie LORHO

 

Berlin Berlin de Patrick Haudecœur et Gérald Sibleyras
Mise en scène José Paul

Avec Anne Charrier, Maxime d’Aboville, Patrick Haudecœur, Loïc Legendre, Guilhem Pellegrin, Marie Lanchas, Claude Guyonnet,  Gino Lazzerini

  • Décor Édouard Laug
  • Costumes Juliette Chanaud
  • Lumière Laurent Béal
  • Musique Michel Winogradoff
  • Assistant mise en scène Guillaume Rubeaud
  • Une coproduction Théâtre FontainePascal Legros et Cinéfrance StudiosDavid Gauquié et Julien Deris

Théâtre Fontaine
10 rue Pierre Fontaine
75009 Paris

Réservations : 01 53 20 84 42
www.theatrefontaine.com

Du 27 janvier au 31 mai 2022
Du mardi au vendredi à 21h
Le samedi à 16h30 et 21h
Le dimanche à 16h

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