Phénix Festival : Focus sur la mise en scène de Xavier Simonin, metteur en scène de « Le degré au-dessus de zéro »

par | 20 Mai 2023

Dans le cadre du Phénix Festival, Xavier Simonin, metteur en scène du spectacle Le degré au-dessus de zéro, nous a livré les clés de sa mise en scène. Plébiscitée par l’édition 2023 du Phénix, elle sera à l’affiche du Studio Hébertot les 16, 17 juin à 21h et le 18 juin à 15h. Découvrez cet entretien passionnant  !

Quelle est la genèse du projet ?
J’ai rencontré Fanny sur son spectacle précédent Gardiennes. J’étais venu par hasard, invité par Fanny. J’ai été profondément ému par le spectacle. Par la suite, Fanny est venue me proposer son nouveau spectacle Le degré au-dessus de zéro. J’ignorais totalement qu’elle écrivait quelque chose. C’était un défi pour moi car je ne savais pas si je pouvais faire mieux que Gardiennes. De fait, l’offre ne se refusait pas.

Comment vous est apparue la mise en scène ?
 On l’a retravaillé car c’est une succession de témoignages. J’avais un peu peur du côté catalogue dans le récit. Il fallait trouver une forme qui casse un petit peu cette succession de séquences. Je savais que Fanny était capable d’aller chercher dans des endroits tellement variés qu’il fallait s’en servir.  On a réfléchi autour des formes qui donnent à penser que Fanny incarne à la première personne toute la première partie du spectacle. Puis, on s’aperçoit que son jeu est celui de toutes les femmes. 

Quels ont été les problèmes rencontrés ?
La seule chose a été l’obsession du rythme. Sachant que le sujet est lourd, il serait impossible de rester froid devant la parole livrée par Fanny. Il ne faut pas que ce temps que l’on dispose pour recevoir des informations passent à la trappe. Il faut réussir de trouver un rythme qui permette à la fois pour le spectateur de bien recevoir l’information et de bien la digérer et d’entrer sans effort à l’étape suivante. C’est un ajustement en permanence rythmiquement parlant.

Quelle est la spécificité du spectacle ?
Il y a une spécificité dans ce spectacle que Fanny a recherché est la confrontation avec la réalité. Fanny nous donne à entendre les statistiques officielles des violences faites aux femmes qu’on entend rarement. On s’est adjoint la technologie : les spectateurs vont répondre à des questions autour de ce sujet dans la file d’attente. Ces statistiques du public vont être intégrées sur scène. Le spectateur va se souvenir de ses réponses et verra où ses réponses se situent. Ce qu’il ignore est que ses données seront récupérées pour en faire, à la  fin du spectacle, une Å“uvre d’art générative à l’image de la confrontation des réponses du public et celles officielles. Cette Å“uvre d’art pourra être différente selon les soirs.

Comment s’est déroulée la direction d’acteur ?
Quand on dirige Fanny, c’est posséder un stradivarius. Fanny a entendu ces femmes et s’en inspire. Et puis, sur un moment on décide de prendre une direction dramaturgique.

 Un mot pour définir votre mise en scène ?
Sobre et bon goût. Il faut éviter tout mélodrame afin que chaque spectateur fasse fonctionner son imaginaire.
 
Avez-vous un souvenir marquant à nous partager ?
 Il y a quelques jours notre équipe technique est venue voir un filage. Ils étaient tous avec leur carnet de notes. Ils ont tous été remués malgré leurs connaissances du propos de la pièce. Sans décor ni rien, ils se sont « pris une claque ». Et là, on se dit que ce spectacle a une sacrée force.
 

Propos recueillis par Laurent Schteiner

 

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