Phénix Festival : « 13 » d’après Erwan Larher

par | 15 Juin 2022

Le Phénix Festival nous présente une pièce puissante et profonde, 13, tirée du livre de Erwan Larher le livre que je ne voulais pas écrire. Ce récit autobiographique se déroule dans l’enfer du Bataclan, le 13 novembre 2015. Erwan Larher, interprété brillamment par Alex Metzinger, blessé durant l’attaque, voit sa vie chavirer malgré le réconfort de ses proches. Son récit participera à une forme de résilience salvatrice. Pierre Azéma a signé ici une mise en scène forte, haute en couleurs au son pop rock. Seule réponse à apporter à la barbarie et la bêtise, demeure plus que jamais l’art, une liberté inexpugnable.

Erwan Larher a reçu une balle dans le fessier générant un problème d’érection. Ses amis, heureux de retrouver leur ami rescapé de l’enfer du Bataclan minimise la portée de ce souci mécanique ne voyant que la chance inouïe d’avoir survécu. Il était évident que cette pièce ne pouvait se dérouler sans le concours de la musique, celle-là même qui avait été interrompue le 13 novembre 2015. Pierre Azéma et Alex Metzinger ont choisi la talentueuse Pauline Gardel qui nous délivre un son pop rock  soulignant et soutenant le propos de la pièce.

Erwan se raconte, se questionne, se torture, tente de trouver des explications à l’inexplicable. Il s’accroche à ses amis et à sa famille qui tentent de l’aider à sortir de son enfer personnel. Ce corps qui ne peut plus vibrer ou s’extasier le hante comme jamais. Puis, un jour un de ses amis lui offre un cahier pour se raconter, s’épancher car le monde doit savoir ce qu’il a vécu. Ecrire pour rebondir. Mais ce témoignage doit être également celui de ses amis qui l’ont cru mort et de leurs angoisses qui les ont assaillis. Peu à peu, il va tirer le fil de sa vie, telle une pelote de laine, et se rendre compte de l’absence patente d’un amour dans sa vie. Mais le destin lui fit un cadeau. Il s’appelait Loulou. Ce jour-là, tout a concordé pour qu’ils se rencontrent, qu’il survive pour la retrouver. L’amour s’appelait désormais « Nous ». « Le corps ne se retape pas sans amour. » 

Alex Metzinger est émouvant et remarquable d’intensité. Au fil de la pièce, le désespoir de son personnage nous étreint fortement. Sa présence scénique couplée à celle de Pauline Gardel est un véritable enchantement. Saluons le magnifique travail de direction d’acteurs et de mise en scène de Pierre Azéma qui enlève ce petit bijou théâtral.

A l’heure où s’achève le procès des attentats du 13 novembre, l’absence de haine d’Erwan Larher est sans doute la seule réponse à donner à cette violence aveugle qui se nourrit exclusivement de ce poison.

Laurent Schteiner

13 de Pierre Azéma et Alex Metzinger d’après le livre de Erwan Larher « Le livre que je ne voulais pas écrire »

Mise en scène : Pierre Azéma
Avec : Alex Metzinger

  • Création musicale et musique live : Pauline Gardel
  • Scénographie et création lumière : Sébastien Lanoue
  • Sonorisation : Emeric Renard
  • Assistante mise en scène : Laurence Gray
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