Bernard Bloch vient de signer la mise en scène d’un huis clos traitant du conflit Israélo-Palestinien, La Situation.  Ce spectacle, intelligemment écrit et mis en scène permet de balayer la somme des positions des belligérants des deux camps. Ce spectacle possède l’immense mérite de réaliser un état des lieux objectif en mettant en relief  les sensibilités et les souffrances de ces deux peuples aux  points de vue  irréconciliables.

A la faveur d’un reportage, B., un journaliste français se rend en Israël dans une école semi-publique financée par des mécènes du monde entier et accessoirement, par l’État. Cette école reçoit environ un millier d’élèves de la maternelle à la terminale. Elle a la particularité de compter dans ses rangs 50% d’élèves juifs et 50% d’élèves arabes. Les cours sont tous bilingues arabe et hébreu, et tous les enseignants travaillent en duo : un Israélien juif et un Israélien arabe. Cette expérience originale constitue un paradigme du vivre ensemble. Mais la réalité est tout autre. B., profitant de sa visite, interroge Israéliens et Palestiniens sur la situation qu’ils vivent au quotidien. Il s’aperçoit rapidement que ce consensus qui règne dans cette école n’existe pas à l’extérieur. Les positions sont tranchées et irréconciliables. La frustration, l’aigreur et la haine constituent le terreau de cette terre.

La rage et les frustrations palestiniennes reposent sur deux postulats : le sentiment d’avoir été spolié en 1947 et la politique israélienne expansionniste dans les territoires . Mais cette approche est un peu réductrice car il se trouve un certain nombre de palestiniens ouverts au dialogue. Il en est de même côté israélien où les « faucons » se disputent avec les « colombes » qui préconisent la politique de la main tendue aux palestiniens. A cela, il convient d’ajouter les intégristes religieux qui fondent leur pouvoir sur la Bible et le Grand Israël. Rien n’est simple et tout est compliqué. D’un point de vue extérieur, on ne peut que constater les limites qu’une appréhension globale du conflit est une hérésie. Comment peut-on ressentir ce que vivait un israélien qui montait dans un bus en se demandant s’il n’allait pas exploser ? Ou ce palestinien, qui, ayant pris part à un acte criminel (rébellion pour les uns, terrorisme pour les autres) voit sa maison détruite ?

Ce spectacle, dans cette première partie, nous montre une situation figée dont on n’imagine mal l’issue. La deuxième partie tente de s’émanciper de cette situation en espérant une impossible entente. Ce qui fera dire à B. : « Ça y est, j’y suis. En immersion totale depuis trois semaines et c’est bien ici que ça se passe. C’est secouant, tour à tour déprimant et exaltant. Bien sûr, la déprime prend souvent le dessus, mais parfois, rarement, l’amour que les gens de Jérusalem partagent tous pour leur ville parvient à déchirer la noirceur du temps. Alors, pendant quelques instants, un rêve d’harmonie prend forme qui hélas s’évanouit trop vite.« 

Ce spectacle convoquant une galerie de portraits divers et variés dans un huis clos haletant nous plonge dans la réalité de ce conflit régional qui dure depuis plus de 70 ans et qui ne laisse pas indifférente une communauté internationale toujours divisée sur ce sujet. Cette pièce fait montre d’une grande originalité grâce à une perception objective sollicitant une bienveillance et une ouverture d’esprit du public sur un thème toujours aussi clivant.

Laurent Schteiner
La situation (La paix introuvable) de Bernard Bloch
Mise en scène de Bernard Bloch
avec Etienne Coquereau, Hayet Darwich, Rania El Chanati, Camille Grandville,Daniel Kenigsberg, Muranyi Kovacs, Jonathan Mallard, Zohar Wexler

  • Scénographie : Didier Payen, assisté de Sarah Garbarg
  • Costumes : Raphaëlle Bloch, assistée de Marion Duvinage
  • Musique originale : Arnaud Petit avec la collaboration de Rrackham 
  • Création lumière : Franck Thévenon 
  • Création sonore : Thomas Carpentier et Mikael Kandelman
  • Régie générale : Marc Tuleu
  • Crédit : Philippe Delacroix.

Tournée :
du 18 au 21 mai 2021 à la Comédie de Saint-Etienne
du 3 au 5 juin a théâtre Dijon Bourgogne (Théâtre en Mai)

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