En adaptant Tropique de la violence au théâtre, Alexandre Zeff a conçu un spectacle qui s’associe complètement à l’Å“uvre tant le  réalisme dépeint nous transporte dans ce département d’Outre-Mer oublié de la Métropole. Ce spectacle fort et intense nous présente une société miséreuse en pleine décomposition avec des accents de poésie qui se traduisent dans une détresse incommensurable.


Le point de départ pose le décor d’une île soumise aux aléas de la misère. Des milliers de migrants débarquent sur l’île pour se faire soigner, ou enfanter pour certaines femmes. Mais il arrive que la pauvreté soit telle que certaines femmes n’hésitent pas à donner et à abandonner leur progéniture en espérant un meilleur avenir pour elle. C’est cette histoire que nous conte Natacha Appanah où Moïse, nourrisson arrive à Mayotte avec sa mère en kwassa (petite embarcation légère). Celle-ci confie son enfant à une infirmière Marie, fraichement arrivée de la Métropole. Marie, qui est stérile, accepte d’élever Moïse. Mais à l’âge de 15 ans, Moïse découvre le corps inanimé de Marie, victime d’un accident cérébral. Livré à lui-même, Moïse rejoint le bidonville de Gaza. Dans ce camp à ciel ouvert, la violence, fille de la misère, est omniprésente. La marginalité est devenue le lieu commun et la violence un langage banal. Elle est le plus souvent le fait de petits caïds qui tentent de survivre malgré tout. Cette île, nichée dans l’Archipel des Comores, malgré les aides publiques, n’intéresse plus personne depuis longtemps. Sa société se meurt doucement dans l’indifférence générale. Le parcours de Moïse illustre cette situation de façon criante.

Natacha Appanah se livre à un état des lieux sans appel qui fait froid dans le dos. A ce titre, la mise en scène d’Alexandre Zeff est remarquable. Il a su retranscrire le climat de déliquescence de Mayotte avec à-propos. L’apport de la musique et des vidéos enserrent l’histoire dans un ensemble très cohérent. Le rythme de la pièce, alerte, parachève un spectacle de qualité. Saluons les performances de ces comédiens qui enlèvent cette adaptation théâtrale avec brio, marquant ainsi de leur empreinte un spectacle qu’on ne peut rater !

Laurent Schteiner
Tropique de la violence de Natacha Appanah
Mise en scène d’Alexandre Zeff
avec Mia Delmae, Thomas Durand, Mexianu Medenou, Alexis Tieno, Assane Timbo, Yuko Oshima

  • Scénographie et lumière : Benjamin Gabrié
  • collaboration artistique : Claudia Dimier
  • Dramaturgie : Noémie Regnaut
  • Création vidéo : Muriel Habrard, Alexandre Zeff
  • Assistanat vidéo : Jules Beautemps, Sarah Jehane Hedef
  • Création musique et son : Mia Delmaë, Yuko Oshima, Guillaume Callier, Vincent Robert
  • Régie plateau et coordination: Damien Rivalland
  • Assistante à la mise en scène et dramaturgie : Leslie Menahem
  • Assistante à la mise en scène et à la coordinatrice : Cécile Cournelle
  • Stagiaire à la mise en scène : Adèle Sierra
  • Régisseur général : Sylvain Bitor
  • Régisseur son : François Vatin
  • Costumes : Sylvette Dequest
  • Maquillage et effets spéciaux : Violette Conti, Sylvie Cailler
  • Collaboratrice chant : Anaël Ben Soussan
  • Chorégraphie de combat : Karim Hocini
  • Construction décor : Suzanne Barbaud, Yann Chemmoul, Benjamin Gabrié
  • © Jules Beautemps

Tournées :

Р13 au 24 septembre 2021 : Th̢̩tre de la Cit̩ Internationale
РLes 9 et 10 novembre 2021 : Th̢̩tre Romain Rolland, Villejuif
– Le 11 novembre 2021 : EMC, Saint Michel sur Orge

 

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