Grand gagnant du Festival Impatience la saison dernière le collectif bordelais revient à Paris pour quelques dates au Centquatre. Une occasion inespérée de voir ou revoir leur création « Timon / Titus » qui a donc conjointement séduit public et jury. L’équipe est brillante, le travail d’écriture colossal et leur regard sur le monde avisé et brutal. Un spectacle à voir absolument jusqu’au 26 Novembre !

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Ils vous accueillent sans demi-mesure. En pénétrant dans la salle du  Centquatre vous serez immédiatement plongés dans une réalité sombre, face à un tableau inquiétant et glauque, à l’image du plateau ensanglanté jonché de cadavres. Le ton est donné, le constat sera amer et froid, le débat cynique et assassin, pas de panique cependant le monde l’est tout autant. Le collectif Os’O sous prétexte de nous jouer des grands textes comme Timon d’Athènes ou Titus Andronicus interroge ici d’une manière presque philosophique la notion de dette et la culpabilité qui en découle presque naturellement. Durant un peu plus de 2H ils vont donc argumenter, démontrer, théoriser en utilisant pour cela avec brio la matière tragédie et l’outil théâtre. Diablement inventif et mené tambour battant par une équipe de comédiens remarquables  le dispositif est tout simplement passionnant et impressionne par l’intelligence de sa construction. Le collectif Os’O a pour cette création une nouvelle fois invité le metteur en scène David Czesienski et c’est à n’en pas douter une collaboration fructueuse. Les idées fusent, l’analyse est rigoureuse, complexe et pour autant réjouissante, les acteurs débattent avec passion, se déchirent, s’entretuent enfin.  Deux espaces sont clairement confrontés dans la mise en scène qu’il s’agisse d’une dette financière ou d’une dette dite morale. Ainsi deux plateaux donneront un espace de réflexion sur ces deux sujets, se croisant et se juxtaposant à volonté. Tandis que pour la dette financière rapportée à une problématique sociétale on assiste à une jubilatoire et hilarante assemblée de parlementaires, en ce qui concerne la dette morale ce sera de famille qu’il s’agira, une famille d’héritiers se disputant à mort au sujet du testament paternel. On retrouve avec ce travail foisonnant et délirant une filiation directe du travail de Julie Deliquet ou encore du collectif des Chiens de Navarre. Parmi tous ces artistes qui amorcent la création autour d’une écriture de plateau le point commun reste cette capacité fascinante d’analyse de notre société, cette facilité à traiter le politique ou l’intime avec le juste dosage de réalisme et de cynisme, le juste équilibre entre furie et raison. Le Collectif Os’O entre avec fracas dans cette catégorie, offrant avec « Timon / Titus » un électrochoc salutaire. A l’instar des créateurs cités ci-dessus retenez bien le nom de ce collectif, vous n’avez  assurément pas fini d’en entendre parler.

Audrey Jean

« Timon / Titus » Collectif Os’O
Mise en scene David Czesienski

avec Roxanne Brumachon, Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard, Lucie Hannequin, Marion Lambert et Tom Linton

Jusqu’au 26 Novembre au Centquatre
Du mardi au samedi 20H30
Le dimanche 16H

 

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