« Sandre » fût programmé récemment à la Maison des Métallos en tant que dernier volet d’un focus intitulé « À la vie à la mort ». Ce spectacle est une création somme toute atypique par son minimalisme mais il frappe en plein dans la cible, ce solo ciselé et tranchant produit en effet sur le public une impression grandissante de malaise, une sensation visqueuse et collante qui s’exacerbe à mesure que la femme en face de nous raconte son histoire. Écrit par Solenn Denis et interprété avec maestria par Erwan Daouphars « Sandre » sera prochainement en tournée, retour sur ce monologue macabre.

Étude à froid d’un amour défunt, introspection étrange d’une femme blessée, récit sensible et désabusé d’une vie ravagée. Il y a tout ça dans « Sandre » et bien plus encore, Solenn Denis s’attaque ici à un des tabous les plus secrets de notre société à savoir l’infanticide, la douleur et les états d’âmes d’une mère meurtrière. Toujours à la juste distance le texte trace un chemin mouvant et dangereux, une voie sombre qui se resserre au fur et à mesure que l’intrigue avance comme pour mieux nous faire ressentir l’approche angoissante d’un point de non-retour. C’est pourtant au départ une histoire banale, un amour comme tant d’autres qui se construit sereinement, puis qui rencontre une forme de routine, la naissance des enfants, les bons petits plats et la séduction qui s’oublie et un jour le choc. Il ne l’aime plus, il a rencontré une autre femme. Alors un trou noir se creuse, un abime de plus en plus profond, et la femme s’enfonce dans cette matière collante, ensevelie par sa propre colère elle perd peu à peu pied jusqu’à commettre l’indicible. L’écriture de Solenn Denis a sa propre rythmique, et le dispositif minimaliste permet de l’entendre et surtout de le ressentir, cette langue nous enrobe et nous tient glacés et saisis de bout en bout du monologue. Il faut dire qu’Erwan Daouphars livre ici une performance époustouflante, sur le fil, d’une précision redoutable il est simplement hypnotisant. Confier le rôle de cette femme à un acteur propulse le spectateur directement dans l’étrangeté du récit. Les mots sont durs, les images terribles nous parviennent, les actes eux sont monstrueux mais ce parti pris de mise en scène nous maintient à distance d’un réalisme qui serait proprement insupportable. Pour autant Erwan Daouphars est cette femme, avec ses contradictions, ses fragilités, ses absences, il ne la joue pas mais en épouse toute la complexité. Les lumières intimistes et le sens de la maitrise du détail scénographique complètent parfaitement ce tableau macabre et envoûtant. Un travail remarquable du collectif Denisyak.
Audrey Jean
« Sandre » Texte Solenn Denis (Editions Lansman)
Interprétation Erwan Daouphars
Mise en scène Collectif Denisyak
 
25 > 28 octobre (à confirmer) : La Roche-sur-Foron – Festival éclats de scène.
9 ou 10 octobre (à confirmer) : Saint-Gratien (95) – Centre culturel du Forum.
13 > 16 novembre : Bruxelles (BE) – Théâtre 140.
17 novembre : Eghezee (BE) – l’écrin.
29 novembre : Poligny (39) – la Chapelle de la Congrégation.
1er décembre : Neuves-Maisons (54) – Centre Culturel Jean-l’hôte.
29 janvier 2019 (à confirmer) : Agen (47) – Théâtre.
31 janvier ou 5 février 2019 (à confirmer) : Théâtre d’Aurillac (15).
Les 8 et 9 février 2019 (à confirmer) : Limoux et Pennautier (11) – ATP de l’Aude. 
12 février 2019 : Noisy-le-Sec (93) – Théâtre des Bergeries.
8 mars 2019 (à confirmer) : Oyonnax (01) – Centre culturel Aragon.
14 et 15 mars 2019 : Charenton (94) – Théâtre des 2 rives.
19 mars 2019 : Courbevoie (92) – Espace Carpeau.
26 mars 2019 : Oloron-Sainte-Marie (64) – Espace Jeliote. 
28 mars 2019 : Vallauris (06) – le Minotaure. 
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