« C’est le quotidien que je vois comme Nouveau Monde. Il reste ce qu’il était, mais il rayonne de calme. Ce que ce Nouveau Monde a de particulier, c’est qu’en se manifestant là, d’une présence irréfutable, et qu’en même temps n’y est encore entré. » (Peter Handke)

Le théâtre de la Colline présente actuellement une très belle pièce autobiographique de Peter Handke Par les villages dans une mise en scène de Stanislas Nordey. Cette pièce fleuve est un poème dramatique qui prend sa source dans les nœuds familiaux d’une fratrie déchirée. Cette épopée familiale forte fourmille de moments de vie ordinaire qui donnent toute sa force à cette œuvre qui s’ouvre sur un « Nouveau monde ».

Par les villages 2

A travers une histoire simple, Peter Handke décrit le parcours de Gregor son double, écrivain qui revient au village à la mort de ses parents. Mais sa visite est davantage suscitée par le courrier de son frère cadet Hans qui lui propose de laisser la part de son héritage à leur jeune sœur Sophie. Accompagné par son amie Nova, cet enfant prodigue revient au village et les rancœurs familiales font à nouveau surface. Ce frère honni n’est pas le bienvenu. L’ombre de sa réussite et l’image de l’enfant préféré lui sont crachées au visage. Hans, ouvrier de son état nous fait entendre la voix du peuple dont le labeur humiliant le rabaisse mais entretient un formidable espoir de survie. Si Stanislas Nordey s’amuse à trouver des comparaisons à l’œuvre d’Homère. ce retour de ce frère qui a déserté le giron familial prend soudain les traits d’Ulysse qui revient vers sa patrie. Mais là, chaque personnage campe sur ses positions, à la manière de « planètes tournant sur elles-mêmes ».

par les villages 1

La langue poétique de Peter Handke touche son auditoire d’autant que les personnages s’adressent directement au public le prenant à témoin. Les monologues sont intenses et permettent de sentir la sensibilité de l’auteur s’exprimant sur le monde du travail ou la mort. La solution vient de Nova qui propose un monde nouveau ailleurs loin du vide attaché à la modernité. Cette voix médiane rejette dos à dos cet antagonisme entre le monde ouvrier et le monde bourgeois éclairé par une futilité navrante. Saluons la performance de tous les comédiens qui sont tous sans exception excellent.

«J’ai marché par les routes. J’ai marché sur les routes où il était interdit de circuler…J’ai avancé lentement alors que la consigne était de se hâter. » (Peter Handke)

 

Laurent Schteiner

 

Par les villages de Peter Hanke

Mise en scène de Stanislas Nordey

Directrice artistique : Claire Ingrid Cottanceau 

  • Scénographie : Emmanuel Clorus
  • Lumières Stéphanie Daniel
  • Musique : Olivier Mellano
  • Son : Michel Zürcher

 Avec Emmanuelle Béart, Claire Ingrid Cottanceau, Moanda daddy Kamono, Raoul Fernandez, Annie Mercier, Stanislas Nordey,Véronique Nordey, Richard Sammut, Laurent Sauvage et Olivier Mellano (avec en alternance Zaccharie Dor, Cosmo Giros)

Théâtre de la Colline
Location  : 01 44 65 52 52
www.colline.fr

 

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