Il n’y a rien de pire que de perdre un enfant. Eric-Emmanuel Schmitt a choisi à sa façon d’écrire sur ce sujet avec une grande délicatesse. Dénué tout pathos Oscar et la dame Rose qui se joue actuellement à la Comédie Bastille traite de ce thème grave et poignant, celui de la maladie qui touche les enfants. Lucie Muratet a su créer une belle mise en scène à la mesure du drame bouleversant que vivent certaines familles en créant un environnement et un mouvement tels que le spectateur est happé par la force de cette dramaturgie.

Le texte d’Eric-Emmanuel Schmitt repose essentiellement sur la parole d’Oscar qui libère les mots d’un enfant de 10 ans frappé par un cancer. Comme tout enfant il possède l’art de dire les choses sans détour et de façon abrupte. Lorsqu’il nous assène que sa dernière opération sur la moelle épinière a échoué, ses propos réalistes et crus nous éclaboussent de plein fouet. Son esprit semble prendre cette nouvelle avec fatalisme et philosophie, voire même une certaine déception. Il comprend avec sa sensibilité les conséquences sans vraiment les appréhender. Ce décalage avec une réaction adulte est stupéfiant.

Oscar nous fait partager sa vie à l’hôpital. Les personnes qui l’approchent hormis ses parents sont son médecin et Madame Rose. Cette dernière lui rend visite deux fois par semaine afin de lui changer les idées. Cette femme devient pour Oscar l’unique et ultime phare de sa vie. Débordant d’imagination et d’humour, elle illumine son destin. Elle prend une place essentielle dans ses derniers moments le préparant à sa fin avec philosophie, dignité, courage et apaisement et une profonde tendresse. Leurs échanges sont tour à tour drôles et sérieux. Le spectateur est frappé par ce faisceau de sentiments et de ressentis qui le traverse. « Tu ne dois pas avoir peur de l’inconnu mais au contraire être en confiance comme si quelque chose de bien allait arriver ». Madame Rose l’engage à se rapprocher des autres enfants et de sa petite amoureuse Peggie Blue. Cette dernière expérience lui apportera un dernier rayon de soleil.

Saluons Pierre Matras qui réalise une performance incroyable en interprétant Oscar. Cette pièce magnifique, en nous touchant en plein cœur, nous donne une belle  leçon de vie, de courage et d’humanité.

Laurent Schteiner
 
Oscar et la dame Rose d’Eric-Emmanuel SCHMITT
mise en scène de Lucie MURATET
avec Pierre MATRAS
Comédie Bastille
5 ru Nicolas Appert
75011 Paris
Tel : 01 48 07 52 07
http://www.comedie-bastille.com
jeudi à 21h, vendredi à 19h, samedi et dimanche à 17h
 

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