Théâtre : « L’oreille rive gauche » sur une idée de Michel Demongeot

Le théâtre de l’Essaïon débute sa rentrée avec un spectacle musical de toute beauté tiré du patrimoine de la chanson française, et notamment du répertoire issu des « cabarets rive gauche » situés rue Mouffetard. C’est sur une idée de Michel Demongeot qu’est né ce spectacle haut en couleurs qui fleure bon la poésie française nourrie de textes drôles, fantaisistes, poétiques, loufoques, désopilants ou irrévérencieux. 

Michel Demongeot a baigné très jeune dans cette ambiance de « cabarets rive gauche ». Fréquentant assidument les cabarets « la Méthode » ou encore le « Cheval d’or » et bien d’autres où Boby Lapointe, Anne Sylvestre ou encore Paul Villaz se produisaient, il en a retiré une passion et une ferveur qui ne se sont jamais démenties jusqu’à lors. Cette période fertile, aux beaux textes peaufinés par Brassens même, constitue à elle seule toute une époque. La revisiter ouvre les portes d’un passé qui peut sembler lointain mais remis au goût du jour.

Interprète et pianiste de Jazz, Evelyne Thumont apporte parfois à ce répertoire une des rythmes diffeérents tantôt jazzy ou encore de bossa nova. Alain Laurenceau, artiste aux mille facettes, auteur de pièces de théâtre, metteur en scène, comédien et chanteur, constitue le dernier maillon de ce trio pétri d’expérience. Il est bon de noter que la qualité du spectacle tient également à cette expérience acquise au fil du temps pour s’attaquer à des auteurs compositeurs et interprètes de cette qualité aux textes particulièrement pointus. Et cerise sur le gâteau, ils nous font un superbe cadeau en interprétant « chansonnette à celle qui reste pucelle » de Brassens, une des rares chansons que son auteur n’a jamais chantée. Pour certains, ce cabaret appelle à regravir les marches de leur enfance et pour d’autres découvrir un répertoire méconnu et rare. Aller à la rencontre de ce répertoire de choix ravive nos sens tant musicaux que culturels. Une époque révolue qui revit l’espace d’une soirée et qu’il convient de ne pas rater.

Laurent Schteiner