Les textes d’Annie Ernaux font toujours merveille et L’occupation qui se joue actuellement au Théâtre de l’œuvre n’en fait exception. La mise en scène déliée mais rigoureuse de Pierre Pradinas explore dans ce magnifique texte la voix de celles qui ont été dépossédées de leur amour et qui se retrouvent dévorer par une autre forme de jalousie. A ce jeu, Romane Bohringer nous convie à une performance étonnante en endossant ce rôle.


 « La jalousie est une torture physique, une plaie avivée, élargie par toutes les tenailles de l’imagination ».(Anatole France)

La vie réserve parfois des moments de vie dramatiques à certaines femmes lorsqu’elles voient leur amour s’enfuir pour une autre. Dans l’histoire qui nous préoccupe, une femme délaissée magnifiquement interprétée par Romane Bohringer ne connait que peu de choses de sa rivale. Dès lors, un sentiment de jalousie manifeste va se révéler l’obsédant, la torturant, jusqu’à entretenir une relation psychotique à ce sujet. Romane Bohringer dévide son histoire telle une pelote de laine en nous montrant les chemins de traverses qui l’ont conduit à cette extrémité, à cette déraison qui l’entraine si loin d’elle-même. Le musicien Christophe « Disco » Minck souligne cette histoire à force instruments (guitare, piano ou encore harpe) n’hésitant pas jouer des platines afin de marquer la délivrance du personnage de Romane.

Romane Bohringer prend à bras-le-corps son personnage en exposant sa rage de voir l’autre la déposséder de son amour. Plus son ex-amant dissimule sa nouvelle vie, plus elle cherche à connaitre tout de sa rivale pour comprendre son malheur. Cette méthode cathartique l’entraine loin d’elle-même dans des contrées qui ne lui ressemblent pas. Mais au bout du compte, elle accède à une résilience salutaire et salvatrice. Désormais, elle peut enfin tourner la page et se recentrer sur elle-même. Ayant fait son deuil, elle s’autorise enfin à vivre. Romane Bohringer avec sa grande sensibilité se met à nu afin de décrire le comportement de cette femme désespérée. Un très joli moment de théâtre !

Laurent Schteiner
 
L’occupation d’Annie ERNAUX
Mise ne scène de Pierre PRADINAS
avec Romane BOHRINGER et Christophe « Disco » MINCK

  • Scénographie : Orazio TROTTA & Simon PRADINAS
  • Lumières : Simon PRADINAS
  • Maquillages / Coiffure : Catherine SAINT-SEVER
  • Assistants à la mise en scène : Aurélien CHAUSSADE et Marie DULISCOUËT
  • Son : Fréderic BURES
  • © Marion Stalens

du 4 octobre au 2 décembre 2018, du jeudi au samedi à 19h et le dimanche à 17h30
 Théâtre de L’œuvre, 55 rue de Clichy, Paris
www.theatredeloeuvre.fr
 
 
 
 
 

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