Le théâtre de la Ville met actuellement à l’honneur la pièce d’Arthur Miller, Les sorcières de Salem. Mis en scène de façon somptueuse par Emmanuel Demercy-Mota, ce spectacle nous plonge dans les heures sombres de l’obscurantisme de l’Amérique du XVIIe siècle.

Arthur Miller, s’est inspiré de la période du Maccarthysme pour retracer les événements qui se sont déroulés à Salem, une petite bourgade de la Nouvelle Angleterre, en 1692. D’une période à l’autre, Arthur Miller a dressé un parallèle évident entre la paranoïa des années 50 et le cauchemar vécu par les habitants de Salem. L’engrenage a poussé sur le même terreau, celui de l’hystérie collective. Si le vocable « chasse aux sorcières » nous est désormais familier, il convient de revenir aux sources de l’inspiration de l’auteur. Dans les archives retrouvées par ses soins, le climat ultra religieux et puritain de Salem s’apparentait à une gangrène qui dévorait ses hôtes. Les analyses récentes ont admis que cette hystérie collective était davantage le fruit d’angoisses et de fantasmes suscités par la proximité des amérindiens. De plus, la présence d’un champignon contamina les cultures céréalières empoisonnant quelques habitants de la ville de Salem. Il n’en fallait guère plus pour déclencher la peur du diable et des sorcières. Les accusations portées contre des membres de la communauté par un petit groupe de jeunes filles exaltées aux motifs de sorcellerie déclenchèrent l’ire des notables religieux.

Cette mise en scène aux accents cinématographiques nous propose un rythme effréné embarquant le spectateur dans cette machinerie folle qui s’emballe. La scénographie doit être mentionnée car elle concourt à l’assise du propos. Les protagonistes sortent inopinément de l’ombre pour éclairer leurs présence sur scène créant ainsi de nombreuses surprises. Les projections d’images de sous-bois et de forêt installent l’intrigue au plus haut dès les premières minutes. A ce titre, certaines images, par-delà les magnifiques postures des personnages, relèvent d’un esthétisme très réussi. Saluons tous ces comédiens qui, par leur jeu minutieux, font revivre ces événements  historiques et douloureux d’un autre temps. Mais par-delà les siècles, peu importe le nom qu’on lui donne à cet obscurantisme  (communiste ou sorcière), le bouc-émissaire est comme toujours le réceptacle des peurs des plus faibles et des lâches. Un magnifique spectacle à découvrir !

Laurent Schteiner
 
Les sorcières de Salem d’Arthur MILLER
Mise en scène d’Emmanuel DEMARCY-MOTA

Avec Élodie Bouchez Abigail, Serge Maggiani John Proctor, Sarah Karbasnikoff Elisabeth Proctor, Philippe Demarle Hale, Sandra Faure Anne Putnam, Jauris Casanova Danforth, Lucie Gallo Betty Parris, Jackee Toto Hathorne, Marie-France Alvarez Tituba, Stéphane Krähenbühl Thomas Putnam-Cheever, Éléonore Lenne Mercy Lewis, Gérald Maillet Parris, Grace Seri Mary Warren et Charles-Roger Bour Gilles Corey

  • Assistant à la mise en scène : Christophe Lemaire
  • 2e Assistante à la mise En Scène : Julie Peigné
  • Scénographie : Yves Collet & Emmanuel Demarcy-Mota
  • Lumières  : Christophe Lemaire & Yves Collet
  • Costumes  : Fanny Brouste
  • Musique  : Arman Méliès
  • Création Vidéo : Mike Guermyet
  • Maquillage : Catherine Nicolas
  • Création Sonore : Flavien Gaudon
  • Accessoires : Christophe Cornut
  • Assistant Lumières : Thomas Falinower
  • Assistante Costumes Alix Descieux-Read
  • Réalisation Costumes Albane Cheneau, Margaux Ponsard
  • Assistant Son Nathan Chenaud Joffart
  • Conseiller Artistique François Regnault
  • Training Physique Nina Dipla
  • Travail Vocal Maryse Martines
  • Version Française Du Texte François Regnault Julie Peigné, Christophe Lemaire
  • © photos Jean-louis Fernandez

Espace Cardin
1 av Gabriel
75008 Paris
Réservations : 01 42 74 22 77 
jusqu’au 19 avril 2019
20h00

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