Difficile de croire que Marc Delva en est ici à sa deuxième mise en scène  tant le spectacle est abouti et exigeant à tous les niveaux. Finaliste du concours jeunes metteurs en scène du Théâtre 13 avec « Merlin ou la Terre dévastée » en 2015, il récidive ici avec brio en adaptant la pièce de Lee Hall « Les peintres au charbon », une fresque humaniste qui questionne avec intelligence notre rapport à l’art. Un véritable bijou à voir absolument au Théâtre 13 Seine !

Inspirée de faits réels, l’histoire écrite par Lee Hall est pour le moins fascinante. En 1934, une association de mineurs  en Angleterre propose divers cours et initiations pour occuper le temps libre des ouvriers. Initiation à la philosophie, à l’économie, autant de propositions qui séduisent et interpellent un petit groupe de curieux en recherche d’activité intellectuelle stimulante. Arrive alors Robert Lyon et son cours constituant une première approche de l’art. Les mineurs questionnent alors l’universalité de l’art, ses fondements et sa mission, s’appropriant définitivement l’enseignement de Robert Lyon par leur investissement et dépassant largement les attentes du maitre. Ils développent ainsi leur propre mouvement artistique traduisant leur quotidien, l’univers sombre des mines et la routine des travailleurs dans leur peinture, devenant par la suite un collectif d’artistes reconnus.

Ce voyage surprenant commence dès l’entrée dans le théâtre avec la reconstitution d’un couloir sombre et étroit de la mine pour rejoindre le plateau. Marc Delva intègre immédiatement le public dans cette aventure rocambolesque au moyen d’ un dispositif tri-frontal permettant ainsi d’être en permanence au cÅ“ur de la réflexion sur l’universalité de l’art. Le reste de la scénographie et de la mise en scène sera d’une exigence impressionnante, fourmillant de trouvailles inventives les tableaux s’enchaînent avec dextérité. Marc Delva s’avère être également particulièrement prometteur sur la direction d’acteurs, la distribution est en effet impeccable dans son intégralité. Chacun des dix acteurs au plateau semble être véritablement le personnage tant la prestation est naturelle et évidente. Usant d’un humour mordant, ils demeurent engagés avec force dans ce questionnement universel sur l’importance de l’art dans nos sociétés déshumanisées de jour en jour. « Les peintres au charbon » est une chronique humaniste qui nous rappelle à quel point la fraternité est primordiale, surtout en ces temps troublés, la pièce nous démontre que la culture peut soulever des montagnes et nous supplie de nous rappeler enfin de quoi les hommes sont capables. Le sublime peut naître du noir charbon comme le phoenix renaît de ses cendres, il est encore possible de bouleverser l’ordre du monde, toujours. Un spectacle plus que réussi, un manifeste furieusement nécessaire. À ne rater sous aucun prétexte !

Audrey Jean

« Les peintres au charbon » texte de Lee Hall 
Traduction Fabrice Melquiot 

Mise en scène Marc Delva

Avec Hugo Bardin, James Borniche, Thomas Brazète, Solal Forte, Élodie Galmiche, Florent Hu, Marie Petiot ou Elise Fourneau, Paul Emile Pêtre et Emmanuel Rehbinder

Jusqu’au 28 Mai au Théâtre 13 Seine 
Du mardi au samedi à 20h
Dimanche à 16h

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