A l’heure où bon nombre de scandales politiques brouillent les repères de notre système sociétal Laurent Gutmann met en scène « Le Prince », une adaptation originale et d’une grande finesse d’un texte écrit par Machiavel en 1513 qui a pour but de décoder les us et coutumes en matière de souverraineté. Une proposition réjouissante dotée d’un humour décalé et corrosif actuellement à l’affiche du Théâtre 71 de Malakoff !

LE PRINCELE PRINCE

« Pour bien connaître la nature de son peuple, il faut être prince, et, pour bien connaître celle des princes, il faut être du peuple. »  

« Le Prince » est un texte relativement bref dédié par Machiavel à Laurent de Médicis, tel une vengeance assénée à celui qui le mis en prison et le fit torturer.  On y retrouve bien sur le cynisme à toute épreuve qui rendit célèbre Machiavel mais aussi une réflexion à plusieurs échelons sur l’exercice du pouvoir, véritable acte militant contre un idéalisme passif.

Laurent Gutmann choisit de le transposer avec humour dans le monde extrêmement réaliste et trivial de l’entreprise catapultant ses personnages dans une dimension à la limite de l’absurde, où l’on peut apprendre à gouverner un royaume lors d’un simple stage. Le spectateur sera membre à part entière de cette mascarade puisqu’il incarnera le peuple, objet de toutes les convoitises. Chaque candidat aura donc la lourde tâche de le séduire dans une bataille féroce et truculente où tous les coups sont permis. Le pouvoir change de main à la vitesse de l’éclair tant la position de prince régnant est soumise à une pression constante, aucun faux-pas n’est toléré et la moindre incartade est fatale  immédiatement sanctionnée par un magistral coup de sifflet. Au delà de l’humour caustique présent de bout en bout, notamment grâce à la brillante interprétation des comédiens, ce spectacle nous offre plusieurs niveaux de lecture nous impressionnant tout d’abord par l’incroyable modernité de la vision de Machiavel des siècles auparavant. Le rapport de l’homme au pouvoir serait donc tristement intemporel et immuable.

Thomas Blanchard, Maud Le Grévellec et Pitt Simon campent les trois improbables candidats au statut de prince, chacun proposant une caricature intelligente d’un stéréotype de notre société. Tout en nuances ils s’en donnent à cÅ“ur joie, s’amusant et profitant de pouvoir être dans une adresse direct au public. Ils sont encadrés par Shady Nafar et Luc-Antoine Diquéro qui se livrent en interne une guerre sans pitié placée sous le signe de la misogynie. Qui des deux intervenants du stage réussira finalement à acquérir le pouvoir absolu ? vous avez jusqu’à samedi pour le découvrir !  

Audrey Jean 

« Le prince » d’après Nicolas Machiavel 

Mise en scène de Laurent Gutmann 

Avec Thomas Blanchard, Luc-Antoine Diquéro, Maud Le Grévellec, Shady Nafar et Pitt Simon 

Jusqu’au 25 Janvier 

Mercredi, jeudi et samedi à 19H30
Vendredi à 20H30

Théâtre 71 Scène nationale de Malakoff 

3 place du 11 Novembre
92240 Malakoff

 
 

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