Le médecin malgré lui, représenté pour la première fois en août 1666 au Palais Royal, se veut avant tout une farce qui met en relief une satire de la crédulité de l’époque. Cette pièce de Molière qui se trouve actuellement à l’affiche du Lucernaire nous est proposée dans un cadre très moderne puisque le sous-titre en est Los Angeles 1990. Une telle transposition peut paraître singulière, voire osée, mais la réussite de cette fable ne souffre d’aucune discussion possible tant la qualité de la mise en scène d’Aurélien Rondeau et de Quentin Paulhiac s’avère parfaite. Une belle réussite pour un pari audacieux.

Sganarelle et Martine vivent dans les bas-fonds de Los Angeles. Martine est une femme battue qui aspire à la vengeance. Le destin lui offre cette opportunité par la rencontre fortuite avec deux hommes à la recherche d’un médecin susceptible de guérir la fille de leur boss. Elle propose les services de son mari, Sganarelle, dont elle loue les qualités de médecin. Ignorant tout du complot que Martine a fomenté à son encontre, il finira par accepter ce travail sous la contrainte et la pression des deux hommes de main. Des terrains vagues de L.A au quartier huppé de Bel Air, nous assistons à l’itinéraire d’un usurpateur malgré lui.

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La scénographie est composée de sacs de poubelle et des cannettes de bière qui jonchent le sol du terrain vague où nos protagonistes ont élu domicile. Jouant sur les mots de cette magnifique prose de Molière, les personnages évoluent en s’appropriant le texte en raccord avec leur personnalité respective. De fait, nous assistons à une comédie dont la modernité est manifeste. Tout le génie de Molière réside dans sa capacité à faire voyager ses textes dans le temps et les lieux.

La mise en scène imprime un rythme de nature à maintenir un suspense croissant à mesure que l’action se déroule. L’originalité de la mise en scène est également au rendez-vous. Les nombreuses trouvailles et les références à certaines musiques tirées de célèbres séries télévisées interviennent avec à-propos. Les personnages sont extrêmement bien dessinés et sont tous crédibles dans leur ensemble. Saluons la performance d’Augustin de Monts, de Sophie Staub et Lydia Besson dont les personnages bénéficient d’un travail de recherche extrêmement riche. Cette nouvelle version du médecin malgré lui  est sans conteste une belle réussite.

Laurent Schteiner

Le médecin malgré lui de Molière

Mise en scène de Aurélien Rondeau et de Quentin Paulhiac

Avec Augustin de Monts, Florent Chesne, Amandine Gaymard, Aurélien Rondeau, Hugo Horsin, Sébastien Faglain, Michael Cohen, Lydia Besson et Jérôme Rodriguez

Lucernaire

53 rue ND des champs
75006 Paris
Loc : 01 45 44 57 34
Du 29 mai au 24 août 2013 à 18h30 du mardi au samedi

 
 
 

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