La Compagnie Camara Oscura va présenter du 5 au 8 janvier et du 12 au 15 janvier prochain à La Loge Théâtre, une très belle pièce de Koffi Kwahulé, Big Shoot. Cette création mise en scène par Alexandre Zeff nous invite à la nécessaire réflexion sur nous-mêmes. « Koffi Kwahulé nous met au cÅ“ur d’une humanité, malade d’anonymat, d’autant plus malade que jamais nous n’avons disposé d’autant de moyens d’être connu, plus nous multiplions les moyens de communication, plus l’anonymat et l’isolement sont vécus comme une injustice réelle ».
« Big Shoot » est une allégorie apocalyptique d’un monde sans valeurs ni repères, un poème né de ce qu’il y a de plus violent, de plus cru, de plus charnel, dans l’attachement cruel de deux individus qui se rencontrent. La pièce prend la forme d’un étrange reality show à l’américaine où l’enjeu est de faire de sa propre mort un spectacle, et de cette exécution une Å“uvre d’art. Un présentateur-bourreau abat à chaque nouvelle émission un candidat d’une balle dans la tête, sous l’oeil gourmand d’une foule venue de toujours plus loin. Or il ne reste qu’un survivant à tuer dans cette ville. Tout le monde espère que cette dernière exécution sera le « Big Shoot », la balle qui mettra fin au calvaire de la torture, à l’ultime violence du jeu auquel se prêtent volontiers tous les hommes.
Koffi Kwahulé se nourrit d’éléments hétérogènes, se déplaçant constamment d’un continent à l’autre, pour aboutir à une somme de cultures. Il ya l’oralité traditionnelle africaine bien sûr mais aussi le jazz, la tragédie grecque, le cinéma ou les références à la peinture. Son écriture se montre insolente et iconoclaste à l’égard des héritages occidentaux et africains.
Le théâtre de Koffi Kwahulé est constamment traversé par le jazz et ce rapport au jazz habite son écriture de l’intérieur et structure la poétique de son théâtre comme la musicalité de la langue.
« Mon idéal d’écrivan, c’est Monk ». KK
« Big Shoot est un duo entre Coltrane et Monk. L’ambition est celle-ci : faire se rencontrer dans l’écriture Coltrane et Monk. Deux sons, deux respirations ». KK