Festival Off Avignon : « Mon père, cet arabe » de Linda Chaïb

par | 6 Juil 2025

Artéphile nous a convié à un magnifique spectacle intimiste, élégant et délicat, Mon père, cet arabe de Linda Chaïb. C’est avec une immense tendresse qu’elle nous décrit les contours de la personnalité de la figure paternelle qui baigné sa vie. Sa disparition constitue un stigmate qui lui rappelle intrinsèquement une identité qu’elle arbore avec une immense fierté.

Il est un temps pour tout. Celui de l’adolescence et de la découverte, celui du passage à l’adulte et l’appréciation des choses plus en profondeur et enfin, l’âge de la maturité qui permet d’entrevoir soudainement une réalité qui nous échappait. Le père de Linda, immigré en France au début des années 60 découvre sa nouvelle vie en France comme une chance qui lui est donnée. Il a pour adage d’accepter ce qu’on lui donne avec fatalisme et philosophie. Cette France de ces années-là déroule un tapis de mépris et de brimades pour ces travailleurs immigrés. Maltraité et méprisé, son père fait le gros dos car il a en charge une famille. Linda, adolescente tournée vers une jeunesse joyeuse et exultante, ne comprend pas toujours ses préceptes de vie. Souffrant d’un cancer dû à l’amiante, son père sera en butte avec le comportement méprisant des médecins…

Avec subtilité, Linda Chaïb rend hommage à son père. Un père qu’elle ne comprenait pas à l’âge de la révolte et de l’adolescence. A travers son chemin de vie, elle a prêté davantage attention à sa personnalité qui a baigné sa vie et qui constitue désormais un phare. Revenant sur les souillures dont il a été la victime, elle porte en elle ses stigmates qui composent désormais son ADN, son identité.  Cette pèce, aux accents cinématographiques procède d’un long « travelling » vers ce père. Partant de la secrétaire qui découvre au théâtre une tragédie classique entre une fille et son père, Linda nous rapproche de sa propre relation qu’elle avait nouée avec son père. Entre fantaisie, philosophie et sensibilité, elle redécouvre un père qu’elle n’imaginait pas. L’âge de la maturité sans doute. Un père aimant, tendre et dévoué à sa famille. La personnalité solaire de Linda Chaïb nous éclabousse de lumière et d’émotion. Par de-là son histoire personnelle, elle touche à l’universel les rapports entre les pères et leur progéniture. Cette pièce résonne au plus profond de chacun d’entre nous avec intensité, tel un souffle de beauté incandescente.

Laurent Schteiner

« Mon père, cet arabe » de Linda Chaïb

Mise en scène de Kheireddine Lardjam

avec Linda Chaïb

  • Collaboration artistique Estelle GAUTIER 
  • Création lumières et son Thibaut CHAMPAGNE
  • Costumes Florence JEUNET 
  • Crédit photo Cie El Ajouab

Festival OFF Avignon du 5 juillet au 26 juillet 2025
Artéphile à 17h
7 Rue Bourgneuf, 84000 Avignon, France
relâche les dimanches

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