Le retour de Juliette Binoche sur les planches à travers l’une des pièces les plus célèbres d’August Strindberg constitue actuellement un moment fort à vivre au Théâtre de l’Odéon. Emmenée par la mise en scène moderne de Frédéric Fisbach, cette pièce ainsi toilettée ravive les couleurs de cette œuvre qui interpellent les méandres du désir amoureux. Un spectacle de toute beauté à découvrir !
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Qualifiée de « naturaliste », cette pièce de Strindberg créée en 1906, aux multiples esthétiques connait un succès inépuisable. Transcendée par une thématique sociale où « l’âme humaine faite de bric et broc » convoque deux êtres confondus par deux milieux bien distincts. Le tandem maître valet représenté ici par Mlle Julie, la fille du Comte et Jean, le domestique de la maison. Ce télescopage de classes sociales prend en otage un désir amoureux qui ne pourra pas s’épanouir. Deux fantasmes se rencontrent. Deux destins avec des aspirations contraires vont se séduire, s’aimer et renoncer dans la douleur. Cette tragédie qui prend à témoin les sentiments les plus nobles devant la fin d’une lignée peut être envisagée sous un aspect plus heureux. Celle de l’ascension d’une autre classe. Ce mouvement de balancier ne peut assouvir l’empathie du public qui vit le drame de Mademoiselle Julie à sa place.
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Le choix de Strindberg s’apparente à un cas d’espèce en apportant un renouveau tragique au genre : « chaque événement de la vie est généralement le produit de toute une série de motifs plus ou moins occultes, mais le spectateur a toujours tendance à choisir celui qui, selon son entendement est le plus facile à comprendre, ou le plus intéressant selon ses propres facultés de jugement. » (Strindberg).
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La scénographie présentée sous forme de cubes transparents permet de séparer le public de l’action scénique. Des bouleaux complètent l’espace traduisant l’espace de la propriété du comte. Cette scénographie quelque peu vide permet d’éclairer le dilemme amoureux des protagonistes et le nouveau visage de leurs répercussions sociales. Puis le quatrième mur s’efface et la communion avec les spectateurs s’annonce plus sensible au fur et à mesure que l’entrelacs des sentiments devient torturé et confus. De cette pièce qui revisite avec génie l’âme humaine, Juliette Binoche et Nicholas Bouchaud sont impressionnants de précision et contribuent à nous donner une bien belle version de cette œuvre éternelle.
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Laurent Schteiner
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Mademoiselle Julie d’August Strindberg
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Mise en scène de Frédéric Fisbach
Avec Juliette Binoche, Nicholas Bouchaud et bénédicte Cerruti
Et le chœur (Soumette Ahmed, Alice boyer, Mathilde Dromard, Caroline Gay, Jean-stéphane Havert, Alexandra Hincapie, Gauthier Lefèvre, Angel Liegent, Jimmy Lemos, Giuseppe Molino, Malala Ravaelojaona, Benoit Résillot et Orianne Thirion.
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Traduction : Terje Sindin
Dramaturgie, assistant mise en scène : Benoit Résillot
Scénographie, costumes et lumières : Laurent P.Berger
Création des costumes : Alber Elbaz
Collaboration Artistique : Raphaëlle Delaunay
Coiffure et maquillage : Sylvie Cailler
photo © Christophe Raynaud De Lage
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Théâtre de l’Odéon-Théâtre de l’Europe
75006 Paris
Du 18 mai au 24 juin 2012
Tel : 01 44 85 40 40