Marcial di Fonzo Bo met actuellement en scène au théâtre Marigny  une pièce originale et décalée du jeune dramaturge argentin Rafael Spregelburd. Cette fable au contenu délirant nous présente l’histoire d’une famille singulière en butte avec un terrible dilemme familial. Emmenée avec humour par Karin Viard, cette pièce débridée interpelle par son originalité et son sens de la dérision.  Marcial di Fonzo Bo, fidèle à l’œuvre, nous transporte dans un univers où l’extrême devient, pour notre plus grand plaisir, l’ordinaire de cette fable surprenante.

 

Après quinze années d’absence, Lucrèce revient à la maison pour réclamer ce qui lui appartenait. Sa mère Tété imagine qu’elle vient réclamer le rein qu’elle avait jadis donné à son frère Lucas. Entamant une nouvelle vie avec un professeur de tennis rencontré sur internet, elle va tenter de rassembler les morceaux épars de sa famille qui s’est disloquée depuis l’absence de Lucrèce. Le silence entourant la maladie de Lucas est rompu lors de l’arrivée inopinée de sa sœur. Mais la pièce se situe également sur un autre plan. Lucas a entrepris une thérapie où il se donne pour mission de contrôler ses rêves et d’être « lucide ». La confrontation de la réalité et de l’imaginaire est à l’origine de ce climat déjanté et inédit.

 

Karin Viard et Micha Lescot survolent la pièce de main de maitre. Tous les deux sont habités par leur personnage. Karin Viard, proprement étourdissante s’approprie le caractère démesuré de cette mère possessive qui tente de sauver sa famille de sa perte afin de déjouer le sort qui pèse sur elle. De la mère exclusive dévouée corps et âme à son fils, elle incarne cette femme qui essaye de reconstruire sa vie contre vents et marée. Désespérée et émouvante jusqu’au bout, elle n’aura de cesse à faire vivre et revivre cette vie qui n’est plus. Micha Lescot est étonnant de subtilité face aux multiples facettes que revêt son rôle. Personnage totalement introverti, il n’hésite pas à verser dans l’excentricité la plus totale afin de ne pas perdre pied définitivement avec sa vie. Sa survie psychique ne tient qu’à sa thérapie et son thérapeute répondant au nom de « Pikachu ou Papa ». Philippe Vieux assure une présence forte en multipliant les rôles (le garçon et l’amant) et apportant une ouverture au propos de la pièce. Léa Druker, moins convaincante car moins habitée par le personnage, apporte une contribution honnête.

 

Cette pièce troublante livre au public son lot de rires et d’émotions diverses qui distingue ce spectacle inclassable parmi les nouveautés de la saison à ne pas manquer.  

 

Laurent Schteiner

 
LIEN VIDEO DE LA BANDE-ANNONCE : http://www.lucide-lapiece.com/b/la-bande-annonce/
 

 

Lucide de Rafaël Spregelburd

Mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo

 

Avec Karin Viard, Léa Druker, Micha Lescot et Philippe Vieux

Scénographie : Vincent Saulier

Lumières : Maryse Gautier

Musique : Etienne Bonhomme

Costumes : Anne Schotte

Crédits photo : Christophe Raynaud De Lage

 Perruques/Maquillage : Cécile Kretschmar

 

Théâtre Marigny

Carré Marigny

75008 Paris

www.theatremarigny.fr

 

Du 25 janvier au 7 avril 2012

Du mardi au samedi à 21h, le samedi à 16h30

 

Et aussi chez L’Arche Editeur :

 

14,25 €

ISBN : 978-2851817679

L’Arche Editeur

86 rue Bonaparte

75006 Paris

www.arche-editeur.com

 

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