Le théâtre de la Reine Blanche a mis à l’honneur une très jolie création d’Aïda Asgharzadeh, « les vibrants ». Dans une mise en scène très réaliste de Quentin Defalt, cette pièce nous plonge dans l’enfer de la guerre 14-18. Ce spectacle intense et osé, dont les résonances nous poursuivent bien après, n’en finit pas de nous questionner et de nous hanter.
Aïda Asgharzadeh a su recréer, à travers ce texte, le cadre d’une guerre particulièrement inhumaine. Elle a réussi à nous faire revivre la vie des tranchées et à l’arrière en nous distillant avec subtilité toute la charge émotionnelle des sentiments qui animaient ces jeunes hommes partis défendre leur patrie. Elle nous décrit la désespérance de ces hommes « effacés » par des blessures qui les ont défigurées. Ces soldats revenus à la vie civile ont tout perdu. Leur identité et leur vie passée se sont envolés à jamais. C’est dans la douleur la plus ténue qu’ils crient leur rage et leur injustice face aux maltraitances de la vie. Certains d’entre eux sur ce long chemin de douleur accepteront le sort qui les a frappés si injustement en s’acceptant tels qu’ils sont désormais. Tel est le chemin emprunté par le héros de cette pièce dont la rencontre avec Sarah Bernhardt s’avérera décisive. L’auteure en profite pour rendre hommage au théâtre, objet d’accomplissement et d’épanouissement qui redonne un sens nouveau à la vie de ces « gueules cassées ». Les ramifications des sentiments sont ici innombrables et elles nous submergent par vagues successives.
La mise en scène de Quentin Defalt a pris soin de mettre en valeur ce texte en offrant une scénographie épurée jouant avec des voiles délimitant les différents espaces et lieux. S’appuyant sur une bande-son réaliste, Quentin Defalt nous projette dans les affres et les angoisses de la Grande Guerre. La direction d’acteurs est parfaite. Les comédiens jouant différents rôles sont excellents.
Cette pièce, par sa force et son originalité, nous interpelle tous par son propos. Ce très beau spectacle chargé d’émotions nous donne la satisfaction de nous rendre davantage vivant ! Merci…
Laurent Schteiner
Les Vibrants d’Aïda ASGHARZADEH
Mise en scène de Quentin DEFALT
Avec Aïda ASGHARZADEH, Benjamin BRENIERE, Matthieu HORNUSS et Amélie MANET
- Musique : Stéphane CORBIN
- Ambiance sonore : Ludovic CHAMPAGNE
- Masques : Chloé CASSAGNES
- © Jean-Christophe LemassonÂ
Théâtre de la Reine Blanche 2 bis passage ruelle 75018 Paris
Locations : 01 40 05 06 96
www.reineblanche.com
du mardi au samedi à 20h45 jusqu’au 15 avril 2017