« Les fourberies de Scapin » de Molière

Le lucernaire nous présente actuellement une reprise des Fourberies de Scapin de Molière. La mise en scène, signée Emmanuel Besnault, est comme à l’accoutumée pleine de surprises et de trouvailles qui nourrissent le plaisir du public. Ses revisites de classiques sont toujours très attendues. Le rendu de ces fourberies de Scapin n’échappe pas à la règle ! 

Durant le voyage de leurs pères respectifs Argante et Géronte, deux amis  Octave et Argante se sont épris deux jeunes femmes. Octave vient d’épouser Hyacinthe, une jeune fille pauvre de naissance inconnue et Léandre d’une jeune égyptienne, Zerbinette de passage avec sa troupe. Argante, père d’Octave revient en ville. Désemparé, Octave se confie à Scapin, valet de Léandre. Léandre lui confesse que sa situation n’est pas meilleure. Scapin, habile manipulateur décide d’Å“uvrer pour les sauver du courroux paternel afin qu’ils puissent vivre pleinement leur amour. 

Comme à chaque fois, Molière tourne in extremis ces tragédies en comédies par un événement tiers susceptible de retourner une situation désespérée. Emmanuel Besnault s’emploie dans cette mise en scène à faire montre d’un rythme endiablé, tel un tourbillon qui accroit sa puissance au fil de la pièce jusque dans la salle ! A la façon d’une bande dessinée, Emmanuel Besnault déroule le propos de cette pièce en façonnant les gags qui surprennent le spectateur à un moment où il ne s’y attend pas. La musique, qui accompagne ces personnages, témoigne d’une atmosphère qui concourt à l’unité de la pièce. Les interprétations sont excellentes et les comédiens se démultiplient pour assoir cette comédie pleine de facéties et de drôlerie. Les trouvailles de mises en scène dépoussièrent le clacissisme dans lequel est parfois ancrée cette Å“uvre. On ne peut que louer le talent d’Emmanuel Besnault d’adapter des classiques avec une modernité qui nous surprend toujours. Toutefois, une petite réserve concernant le volume sonore des projections vocales qui, dans leur récurrence, peut créer un phénomène lassant pour le public. Cela dit, hormis ce détail qui tient sans doute à l’espace de la salle, ce spectacle est une parfaite réussite.

Laurent Schteiner