Il n’est pas besoin d’être un inconditionnel du film éponyme pour découvrir la suite de cette belle œuvre cinématographique. Cette pièce retranscrit avec gravité le thème de la pédophilie. La mise en scène de Daniel Benoin aurait pu être intéressante si elle n’était  entachée de quelques partis-pris qui alourdissent le propos de la pièce. Cette demi-réussite ne doit pas cacher l’originalité de cette très intéressante suite.

 

L’enterrement du père convoque et rassemble la famille autour de la dépouille du «très controversé » patriarche.  Christian, le fils violé s’est marié avec Pia, la serveuse de l’hôtel détenu par feu le père. Il vit à Paris, loin de son frère Michael et de sa nouvelle épouse Sofie. Cette dernière ignore tout du poids écrasant  qui pèse sur cette famille. Hélène, la sœur constitue le lien agressif des relations familiales, vit avec un anglais. Else, la mère, est évanescente. Kim, le cuisinier, homme de maison, est toujours présent auprès de cette famille qu’il a toujours connue. Enfin Henning, le fils de Michael a douze ans et sera la victime de la tare familiale qui se perpétue.

 

Sous les auspices de cette réunion de famille, la pièce débute comme une comédie. La scénographie est très inspirée puisqu’un tapis enveloppe la scène et tapisse également les murs. La transformation du cercueil en lit est ingénieuse donnant de la fluidité à la mise en scène puisque l’on passe sans transition de la salle à manger à la chambre. Un miroir est adjoint au lit et Christian y croise le fantôme de son père qui justifie l’ensemble de ses actes nauséabonds. C’est ainsi qu’une vidéo apparait sur ce miroir donnant un relief fantastique à la scène. La salle à manger où trône une table imposante avec une nappe blanche permet la projection d’une scène tirée du film qui rappelle le contexte de l’histoire.

 

Le ton délibérément libre et vulgaire empreinté par Hélène crée un décalage inutile qui détourne le spectateur du sujet principal en ôtant de la force au propos. Les effets spéciaux originaux sont très réussis mais là encore, la mise en scène pêche en assénant des explications superflues à la tragédie qui se joue. A vouloir trop en faire on perd son objectif. Hormis cette  réserve, les comédiens interprètent tous avec justesse leur partition avec une mention particulière pour Samuel Le Bihan et Pierre Cassignard. Malgré ces quelques dissonances, cette suite mérite le détour.

 

Laurent Schteiner

 

L’enterrement (Festen…la suite) de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov

Mise ne scène de Daniel Benoin

Avec Pierre Cassignard, Samuel Le Bihan, Mélanie Doutey, Dominique Labourier, Mathilda May, Caroline Proust, Paul Chariéras et François Marthouret

Lumière : Daniel Benoin

Costumes : Nathalie Bérard-Benoin

Vidéo : Paulo Correia

Décor : Daniel Benoin, Jena-Pierre Laporte

Assistantes mise en scène : Emmanuellle Duverger, Maryse Estier

Crédit Photo : Giovanni Cittadini Cesi

 

Théâtre du Rond Point – Salle Renaud-Barrault

Resa : 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

du 12 octobre au 10 novembre 2012 à 21h

dimanche 15h

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