L’univers Lars Norén constitue en soi un monde à part où les certitudes des personnages finissent toujours par s’effacer. Il en est ainsi pour Bobby Fischer vit à Pasadena, œuvre très souvent mise en scène et  publiée à L’Arche éditeur. Lars Norén nous présente le portrait d’une famille au vitriol au bord de l’explosion. Cette œuvre bouleversante nous touche au plus profond de nous-mêmes tant ses personnages que dépeints Lars Norén sont des êtres écorchés-vifs au bord du gouffre. Cet ouvrage, à lire ou à relire, est une mine d’émotions qui nous balaye de bout en bout pour notre plus grand plaisir.

 La famille est un thème de prédilection chez Lars Norén. Cette fois, il choisit de nous présenter une famille marquée par le destin. En famille, Ellen, la fille adulte de Gunnel et de Carl, a décidé de se suicider le lendemain jour anniversaire de la mort de sa petite fille décédée cinq années auparavant. Elle n’a jamais surmonté cette épreuve et elle a sombré dans l’alcoolisme. Ses parents ont préféré effacé cette tragédie. Son frère Tomas, de son côté sort d’un long séjour en hôpital psychiatrique.

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Comme à son habitude, Lars Norén nous livre des personnages très marqués affichant une personnalité complexe. Gunnel, la mère se culpabilise de l’état de santé de son fils Tomas pour lequel elle estime avoir failli. A travers une fausse fragilité, elle représente une mère envahissante qui écrase ses enfants à l’autel de son égotisme. Une femme forte qui étouffe sa cellule familiale, uniquement intéressée par ses propres ressentis. Tomas, le fils « fragile » en butte avec ses parents, tente de leur résister mais se soumet à l’autorité perverse et insidieuse de sa mère. Carl, homme soumis constitue une oreille permettant à Ellen de se confier, de raconter son deuil, son divorce et sa descente aux enfers. L’irréversibilité des dégâts causés par Gunnel à sa fille sont tels que la seule issue pour elle ne peut s’avérer que fatale.

 

Cette œuvre forte est marquante à plus d’un titre. Lars Norén n’a pas son pareil pour jouer avec les nerfs des lecteurs ou des spectateurs. Alors que l’on croit qu’un début de crise s’amorce, une digression mineure intervient noyant ainsi le conflit naissant. A l’inverse, les crises interviennent de façon inopinée, surprenant le public et le laissant dans cette tension générée par les réflexions des protagonistes de cette pièce. Une œuvre à ne rater sous aucun prétexte.

 

Laurent Schteiner

 

Bobby Fischer vit à Pasadena de Lars Norén

Traduction de Louis-Charles Sirjacq et Per Nygren

Prix conseillé : 22 €
ISBN : 2-85151-532-6

L’Arche éditeur
86 rue Bonaparte
75006 Paris
www.arche-editeur.com

 

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