« La valise » de Sophie Forte

Le  Théâtre de l’Essaïon nous propose actuellement un spectacle haut en couleurs de Sophie Forte, La valise. Ce spectacle joyeux et tendre, à l’image de cette artiste à la personnalité solaire, nous invite à une fête entre amis. Déroulant son enfance avec truculence, elle tisse avec son public un trait d’union lumineux et mémorable. La mise en scène de Virginie Lemoine et de Frédéric Patto est un label supplémentaire apposé à ce très joli spectacle. 

Sophie Forte, sur scène, se comporte comme un joyeux trublion qui décide de faire voler en éclat le quatrième mur. Avec une facilité déconcertante qui tient à sa bonhommie et sa joie de vivre, elle enveloppe le spectateur dans une douceur drôle et tendre. Le public est désormais son complice. Son enfance est marquée par la complémentarité du couple que formait ses parents Juju et Max. Ce dernier, chauffeur taxi de son état, à la suite d’une altercation avec un passager, choisit de se ranger des taxis ! Juju ne supporte plus de le voir avachi dans son canapé du matin au soir. Avec son entêtement et la volonté qui la caractérisent, elle arrive à le persuader de peindre la vue de leur fenêtre plutôt que de bailler aux corneilles. Non sans mal, il parvient à s’extraire de son refuge afin de répondre, non sans mauvaise grâce, aux injonctions de sa femme. Et là, contre toute attente, il réalise à la gouache une jolie peinture. Sous les conseils d’un galeriste, regimbant toujours et encore, il produit et miracle ! La suite… elle se déguste à l’Essaïon !

Avec fantaisie et sur un plateau nu, que l’on dira épuré, Sophie croque une galerie de portraits familiaux tous aussi croquignolets les uns que les autres. Sa verve naturelle nous tient en haleine tant ses propos sont tendres et drôles. Le spectateur ne se trouve plus au théâtre mais chez Sophie, son amie, qui lui narre son enfance avec une truculence exacerbée et des yeux pétillants de malice. La fin du spectacle s’achève en refermant cette valise pleine de souvenirs. Cette valise dont on parle mais qui n’existe pas, du reste… Sophie n’est pas à un paradoxe près ! Et c’est tant mieux. Il faut vraiment courir la voir à l’Essaïon, elle vous recevra comme un ami car elle s’occupe aussi de l’accueil !

Laurent Schteiner