La Rimb, pièce écrite par Xavier Grall a connu tout d’abord une diffusion radiophonique avant de connaître la scène. Ce monologue instruit par Vitalie Rimbaud revient sur la courte existence de son illustre fils en esquissant la vraie nature de sa personnalité loin de tous  préjugés. Interprété avec force émotion, ce témoignage ne peut laisser indifférent le cri de cette mère pour sauvegarder la mémoire de son fils. Ce spectacle bouleversant et brillamment interprété par Martine Vandeville nous gratifie d’un rare moment de bonheur.  

 

Dans une lumière tamisée émerge doucement Vatalie Rimbaud. Cette femme de la terre se raconte, nous raconte l’héritage laissé par son fils. Comment elle entend défendre la mémoire de sa progéniture face à ses détracteurs littéraires. Les pieds enracinés dans la terre des Ardennes, elle ouvre son cœur avec simplicité où la souffrance de ses sentiments se dévoile sous nos yeux. Les mots fusent comme des coups de feu, un peu à l’emporte pièce en traduisant à chaque fois une idée, une émotion ou encore un ressenti. Cette musique de mots qui s’échappe de cette femme vieillissante et claudicante s’apparente à une longue litanie de souffrances. Le lustre suspendu au plafond s’affaisse au fil de la pièce comme le compte à rebours annonçant la fin de Vitalie pour échapper à ce calvaire qui la ronge. C’est toute la vie de son fils Arthur qui défile sous nos yeux, de façon hachée mais dont le réalisme nous frappe. Il n’est pas besoin de beaucoup de mots pour traduire son parcours et les situations paradoxales ou conflits familiaux qui animent sa vie. De sa vie agitée de poète maudit jusqu’aux confins de l’Ethiopie, Rimbaud découvre la faiblesse de la poésie. Une poésie sans volonté révolutionnaire ne peut être que futile. Cette existence ou la futilité l’emporte accouche d’un homme nouveau avide de découvertes et d’explorations. Mais sa vie d’aventures le guida vers des trafics d’armes et d’esclaves où seul l’enrichissement personnel traduisait l’essentiel. Cette vie singulière qu’il assuma de bout en bout nous est révélée par une mère qui se présente comme le dernier rempart protecteur où l’œuvre et la vie se mêlent intimement.

Martine Vandeville incarne avec beaucoup de talent cette mère qui revendique le respect posthume pour son fils. Un moment de sincérité qui touche au plus profond de notre être.

 

Laurent Schteiner

 

La rimb de Xavier Grall

Mise en scène de Jean-Noël Dahan

Scénographie / lumière : Julien Peissel

Son : Jean-Marc Istria

Copyright : Pierre François

Avec Martine Vandeville

 

Lucernaire

53 rue ND des Champs

75006 Paris

Tel 01 45 48 91 10

www.lucernaire.fr

du mardi au samedi à 19h00

du 29 février au 21 avril 2012

 
 
 
 

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