Festival Off Avignon : « l’imposture » de Pierre Tual

Le théâtre du Train bleu nous présente actuellement un seul en scène vivifiant, drôle et tendre, l’imposture, signé Pierre Tual. Ce spectacle, qui fait la part belle à notre construction personnelle, force le trait à loisirs afin de dénoncer les travers d’une société qui rejette tout élément qui ne remplit pas toutes les cases. 

Lucis Hanoy déclare sans ambages : « je suis grosse, marionnettiste et lesbienne » ! Voilà c’est dit ! Revenant sur ces trois totems, elle nous fait vivre avec humour ce qu’elle avait du endurer sur son physique. Les anecdotes fusent déclenchant le rire devant la bêtise, la méchanceté et la médiocrité des réponses d’autrui. Comme si stigmatiser l’autre permettait de se mettre à l’abri. Jouant avec des portants remplis de vêtements, elle fait évoluer ses marionnettes avec drôlerie.

Jeune footballeuse, elle ne se connait pas encore. Comment fait-on pour séduire quand on n est pas jolie et de surcroit grosse ? Qu’être un garçon permet de se marier avec des filles. La chance !  Elle traduit ses choix comme une imposture sur le plan scolaire ou encore professionnel, notamment à l’Ecole Supérieur des Arts de la Marionnette. Mais sa voie, elle la tient par le biais de la scène qui va la révéler. Et là tout fonctionne à merveille. Son harmonie avec son corps est évidente. Car elle est belle et le revendique. Et si son ADN se résout à ces trois totems, alors tout s’éclaire. Car c’est sur scène que Lucie Hanoy accomplit sa marche des fiertés. Une marche victorieuse. Son succès est à mettre au crédit de tous ceux qui se sentent exclus ou marginalisés. La normalité est désuète. Il est temps de la reléguer aux oubliettes des frustrés. Rien ne la remplace et c’est tant mieux. Vive la différence !

Laurent Schteiner