A travers ce chef d’œuvre de David Mamet, le Lucernaire nous convie cette fois dans les coulisses d’une université. Ce huis clos, qui met en présence un professeur d’université à l’acmé de sa carrière et l’une de ses étudiantes, s’avère être une réflexion forte sur les jeux de pouvoir. Mais cette œuvre rassemble d’autres thèmes aussi concrets que l’éducation, le sexisme et la réussite sociale au sein d’une Amérique dont les aspirations déteignent sur notre vieux continent. Cette pièce entretient un suspense haletant qui laisse les spectateurs proprement ébahis devant la qualité de ce spectacle.

 

John, la quarantaine, sur le point d’être titularisé et en passe d’acheter une maison, reçoit dans son bureau une jeune étudiante, Carol. Touchant au but ce qu’il est convenu d’appeler le rêve américain, John entreprend d’apporter son aide à cette jeune fille. Celle-ci, venant d’un milieu défavorisé, tente de s’élever dans une société américaine impitoyable. Consciente de ses sacrifices, elle jette toutes ses forces pour réussir socialement. Hésitante et cherchant ses mots, elle apparait dans toute sa fragilité face un professeur éblouissant qui use de son brio avec facilité et nonchalance.

 

Ce face à face étouffant et cruel, qui comporte des problématiques en matière d’éducation ou de discrimination sexuelle, tient toutes ses promesses tant l’empoignade s’avère âpre. Ce qui domine la pièce tient à ce jeu de pouvoir qui glisse de l’un à l’autre. Avec un point central qui vise les dérives réactionnaires de certaines sociétés. La souffrance et les frustrations sont partagées et malheur au vaincu ! Il n’a pas de place pour la commisération. La victoire totale ou rien.

 

Les comédiens disposent d’une forte présence scénique et d’une sobriété de jeu qui transcendent le spectacle. D’entrée de jeu, ils embarquent le public dans cette histoire folle aux résonnances multiples. Ils nous font entrer dans leur univers et l’on se prend à prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Ce  parti pris des spectateurs est le signe de la réussite incontestée de ce spectacle créant une atmosphère propice à la tension des deux personnages. La mise en scène rigoureuse, bien rythmée et esthétique de Patrick Roldez apporte à cette œuvre une puissance qui conquiert d’emblée le public. Un spectacle rare à découvrir sans plus attendre !

 

Laurent Schteiner

 

Oleanna de David Mamet

Traduction de Pierre Laville

Mise en scène de Patrick Roldez

 

Avec Marie Thomas et David Seigneur

 

Musiques : David Georgelin

Costumes : Agnès Sargeni

Lumières : Benoit Torti et Eric Pelladeau

Scénographie : Patrick Mignard

 

Lucernaire

53 rue ND des Champs

75006 Paris

Résa : 01 45 44 57 34

www.lucenaire.fr

Jusqu’au 30 septembre du mardi au samedi à 20h00

Share This