Théâtre : « Le Très-Bas » d’après l’oeuvre de Christian Bobin

par | 26 Oct 2025

L’église Saint-Leu – Saint Gilles à Paris nous a offert un spectacle superbe où la dimension philosophique de Christian Bobin s’est mariée à la puissance de la théologie de Saint François d’Assise. Emmanuel Ray nous offert un cadeau merveilleux avec ce Très-Bas tellement inspirant et apaisant. Ce récit hypnonique et fascinant, propre à apaiser les âmes, est un spectacle indispensable ancré dans notre contemporanéité.

Il est des spectacles qui vous laissent une empreinte tant sa prégnance est profonde. Mais il ne faut pas s’y tromper. Elle n’est juste qu’un marqueur qui vous relie à l’essentiel, Dieu et à travers lui, la Sainte Trinité. Christian Bobin avait écrit un ouvrage sur Saint François d’Assise, le Très-Bas. Il nous dévoilait presque confidentiellement sa vie dont on ne possède que quelques fragments. De cette magnifique oeuvre, Emmanuel Ray en a tiré un spectacle. De ce récit épars, fragmentaire, il en conçu une oeuvre empreinte de spiritualité où la joie, la philosophie et la théologie se sont mélangées avec bonheur. François de la ville d’Assise, fils d’un riche marchand était loin de ce chemin de vie baigné d’ascèse. Il dépensait sa jeunesse dans les bras des jeunes femmes et au jeu. Bien sûr les guerres permettaient de s’affirmer virilement. L’une d’elles le précipita dans une geôle. Il en sortit transformé. Sa vie, transformée en légende, trouvait un aboutissement dans sa canonisation en 1228. Respectueux de tout être vivant (humain comme animal), il faisait oeuvre d’humilité et de pauvreté. Coupant les liens qui l’unissaient à sa famille, il offrit sa vie au service des pauvres et de Dieu.

Cette histoire aurait pu voir le jour sur scène mais Emmanuel Ray a eu l’opportunité de la délivrer dans une église, un lieu qui se prêtait à la perfection au Très-Bas. Si l’humidité de ce lieu est connue, la chaleur et la lumière qui se dégagent du récit réchauffent le coeur comme jamais. Disposé dans une bi-frontalité avec en son milieu un chemin de terre, le public redécouvre  l’éphémère de l’être humain. Une épure en accord avec la simplicité de Saint François d’Assise. Les comédiens disposés dans le public interviennent en incarnant cette vie forte en émotions. Brisant ainsi le quatrième mur, ils s’adressent au spectateur en le prenant à témoin. La lumière rase apporte une touche de spiritualité propre au recueillement. Le violoncelle de Léa Bertogliati nous imprègne de l’histoire que l’on voit se dérouler sous nos yeux. La lumière se reflète dans les vitraux de l’église en contribuant à l’esthétique qui se dégage du propos. Le spectateur est suspendu aux lèvres de ces superbes comédiens qui nous imprègnent du magnifique texte de Christian Bobin. La parole est alors d’or tant le texte de Christian Bobin est sublime. Chaque parole est écoutée avec la plus grande attention. Il en est de même pour ces silences pleins de vérité. On ressort de ce spectacle grandis car la joie et la lumière guident nos pas vers un lieu transcendant.

Laurent Schteiner

« Le Très-Bas » de Christian Bobin

Mise en scène Emmanuel Ray

avec Mélanie Pichot, Fabien Moiny, Stéphanie Lanier et Emmanuel Ray

  • Création lumières : Natacha Boulet Räber 
  • Création musicale et interprétation : Léa Bertogliati
  • Création sonore : Tony Bruneau
  • Régie lumière et son : Emmanuel Ray
  • Copyright : Sandra Legrand

Eglise St Leu-St Gilles
92 rue St Denis – Paris 1er
résa : Le Très-Bas de Christian Bobin © Editions Gallimard ~ Théâtre en Pièces
Les jeudis,  vendredis et samedis 21H
Relâches  exceptionnelles les 30 et 31 Octobre et le 1er, 21, 27, 28, 29 Novembre 

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