Théâtre : « le jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux

Le théâtre des Mathurins met actuellement à l’honneur une reprise de la célèbre pièce de Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard. Frédéric Cherboeuf a su tirer parti de belle manière de ce chef-d’Å“uvre du vaudeville en instillant un rythme et un cadre musical moderne. Le plébiscite du public de ce spectacle en est le témoin et le garant de sa qualité intrinsèque.

Marivaux s’empare d’un sujet qui lui était fortement contemporain, à savoir les préjugés sociaux. A travers ce vaudeville, Marivaux rend poreuses les barrières sociales en favorisant l’émergence d’une inversion de la domination sexuelle dévolue à une femme. Rebattant les cartes d’une société patriarcale et restituant cette histoire à l’aune de notre contemporanéité, Frédéric Cherboeuf revisite de belle manière cette Å“uvre immortelle.

Silvia, fille de Orgon, se voit promise à Dorante, le fils d’un ami de son père. Orgon reçoit une lettre de son ami lui expliquant que son fils désirant mieux connaitre Silvia, se propose de déguiser en valet. Il prendra le nom de Bourguignon. Son valet Arlequin sera donc Dorante. Silvia, refuse dans un premier temps ce mariage arrangé. Elle entend choisir elle-même son parti. Accédant aux demandes pressantes de son père, elle accepte à la condition de prendre la place de sa soubrette Lisette et lui offrir sa place afin d’observer de près son futur époux. Orgon et son fils, mis dans la confidence, jubilent. Les barrières sociales vont-elles résister ? Ou la logique de classe s’imposera-t-elle ? Une chose s’avère déterminante : le prix de l’amour et du hasard leur coutera cher.

Frédéric Cherboeuf apporte un élan, un rythme qui libèrent l’action même de cette intrigue. Les respirations musicales pop, rock réalisées à bon escient accompagnent l’excellente interprétation des comédiens qui transcendent, de belle manière, ce spectacle. Frédéric Cherboeuf a su pousser les passions à l’extrême en apportant à sa mise en scène un soin et une originalité qui composent la qualité intrinsèque de ce spectacle.

Laurent Schteiner