Théâtre : « Nos années parallèles » de Stéphane Corbin
Virginie Lemoine nous offre à nouveau une histoire qui touche à l’intime pour notre plus grand plaisir, Nos années parallèles de Stéphane Corbin au théâtre de la Gaité Montparnasse. En mettant en scène cette oeuvre avec beaucoup de délicatesse et de finesse, elle jette la lumière sur la disparition d’un être cher, le manque qu’il génère et la recherche désespérée de souvenirs afin d’entretenir sa mémoire. Un spectacle poétique et touchant rempli de joie.
Comment surmonter la perte d’un être cher ? Stéphane Corbin, pianiste de formation, a consigné pendant des années des souvenirs de sa mère disparue. Des confidences de sa mère sur son enfance avec ses parents, il se rappelle de tout. Les anecdotes fusent dans cette conversation de salon installée dans l’esprit de son auteur. Puis ostensiblement, le narratif de Stéphane se mélange à celui de sa mère. De cet échange croisé, renait cette harmonie qui prévalait à leurs échanges. La tendresse et la douceur nous cueillent à chaque souvenir. Au vu de l’intensité qui se dégage, on ressent le lien puissant qui les unissait. Il y a chez Stéphane, incarné par Alexandre Faitrouni, un mouvement désespéré d’activer sa mémoire pour faire revivre sa mère. Tout consigner, tout écrire, se rappeler. La mémoire permet à nos chers disparus de continuer à vivre indépendamment comme un prolongement inattendu.
Cette joie, qui est présente sur scène, se manifeste également par des morceaux de chansons, accompagnées au piano par Stéphane Corbin et chantées par Valérie Zaccomer et Alexandre Faitrouni. Un magnifique duo. La mère de Stéphane, Valérie Zaccomer, intervient tout au long du spectacle ramassée dans son fauteuil dont elle semble ne pas pouvoir en sortir. On ne peut qu’imaginer dans ce périmètre resserré la mort qui l’a emportée. La traduction de l’échelle, qu’elle gravit pour s’installer en son sommet, permet de libérer cette âme afin de connaitre la félicité éternelle. Stéphane, en ayant maintenu ce lien fort avec sa mère, se doit désormais de la laisser aller. Cette dernière scène, emplie de poésie et de beauté, nous comble de joie et tendresse car la mort n’efface jamais la vie.
Laurent Schteiner

« Nos années parallèles » de Stéphane Corbin
Mise en scène de Virginie Lemoine
Avec Valérie Zaccomer et Alexandre Faitrouni
- Piano : Stéphane Corbin
- Assistante à la mise en scène : Laury André
- Lumières : Denis Koransky
- Scénographie : Grégoire Lemoine
- Chorégraphie : Wilfried Bernard
- Copyright : Gina Nonne
Théâtre de la Gaité Montparnasse
26 rue de la Gaité
75014 Paris
Tel 01 40 05 06 96
Gaite.com
Jusqu’au 16 décembre les mardis à 20h30