Avec « Tabou » de Laurence Février les éditions de l’Harmattan pose la question préoccupante de la perception du viol dans notre societé. Est-ce encore un tabou ? Les femmes obtiennent-elles réellement le statut de victime après avoir subi un viol ? Cette pièce jouée récemment au Théâtre du Lucernaire pousse le lecteur dans ses retranchements et le met façe à la double peine des victimes : avoir été violée et devoir prouver leur innocence. Un texte bouleversant !
 
Cinq portraits de femmes sont ici mis en scène, des archétypes de viols comme il s’en produit tant dans notre societé. Chacune à leur tour ces femmes vont devoir répondre aux questions afin de faire la lumière sur le drame qu’elles viennent de vivre. Mais cet interrogatoire n’est pas bienveillant, il est oppressant et l’on comprend vite que ces femmes vont devoir se battre pour acquérir le statut de victime.
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« Je ne dis pas qu’un jugement de condamnation va refaire des femmes violées des femmes neuves. Jamais. Mais je dis qu’au moins elles n’auront pas le sentiment d’avoir eu une identité gommée, une existence effacée, d’avoir été niées dans ce qui est le plus important pour une femme, pour un être humain : son intégrité physique et morale, son affectivité et sa sexualité.
Réprimées par le viol, réprimées par la suspicion, réprimées par la société, ces femmes ont eu recours à vous, à votre justice. Pour elles, pour nous, pour que naisse entre nous tous, hommes et femmes, une forme nouvelle de rapports. »
 
Laurence Février crée une atmosphère lourde autour de ce thème si délicat. A chaque témoignage de femme, les questions deviennent de plus en plus envahissantes, suspicieuses jusqu’à réussir à transformer chacune des victimes en coupable potentielle. On comprend alors le poids de la honte qui oppresse ces femmes, le harcèlement qu’elles peuvent subir pour que s’installe en elles le doute, le doute d’avoir peut-être mal agi et provoqué ce viol. Au fil du texte c’est un véritable malaise que l’auteur arrive à recréer chez son lecteur car c’est bien la réalité de notre societé dont il est question. Pour clôturer ce récit terrible, Laurence Février retranscrit une partie de la célèbre plaidoirie de Gisèle Halimi en 1978 qui reste un exemple en matière de défense des femmes violées.
A noter qu’un DVD du spectacle joué au Lucernaire et mis en scène par l’auteur est également disponible !
 
Audrey Jean
 
 
« Tabou » de Laurence Février
 ISBN 978 2 296 99441 6
11,50€
 
Editions de l’Harmattan
5-7 rue de l’école polytechnique
75005 Paris
 
Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
www.harmattan.fr

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