Les Déchargeurs présentent actuellement un très beau travail de Nicolas Alvedin, Tu aimes trop la littérature, elle te tuera. Cette pièce constitue une adaptation musicale du chef d’Å“uvre de Gustave Flaubert, Madame Bovary. Sa mise en scène inspirée aux accents de modernité est une parfaite réussite en tout point.

Tu aimes trop la littérature, elle te tuera. Cette phrase de George Sand tirée des échanges épistolaires avec Gustave Flaubert éclaire le propos de la pièce sur une problématique existentielle qui l’anime depuis des années. Afin d’expliciter cette assertion, il convient de revenir au spectacle que Nicolas Alvedin nous a proposé.

En dépoussiérant cette oeuvre et en lui apportant une belle musicalité, le déroulé de cette oeuvre s’offre à nous par sauts de puce dans cette histoire tragique. Entrecoupée de respirations musicales offertes par Julien Antona-Jamet au piano, façonnant l’atmosphère de cette adaptation, les personnages tour à tour narrateurs et interprètes passent de l’un à l’autre avec aisance et fluidité. Dans cet espace exigu de la salle de théâtre des Déchargeurs se créée une belle intimité avec les spectateurs. La langue de Flaubert est délicieusement audible à travers le jeu et les échanges épistolaires avec George Sand ou encore sa maitresse Louise Colet. La mise en scène est alerte et fait preuve d’une belle sobriété en nous réservant toutefois de jolies trouvailles. Cette adaptation, également chantée par ces deux interprètes que sont Anna Amichia et  Nicolas Alvedin, apporte une fraicheur renouvelée à cette oeuvre. Ces deux comédiens produisent un spectacle de qualité qui nous ravissent à plus d’un titre.

Par delà cette oeuvre, Flaubert exhale la monotonie et la mélancolie d’une existence où la routine sentimentale et amoureuse appelle une certaine vacuité. Ce vide ressenti fait suite à l’espoir déçu de ces rêves et attentes enfiévrés de grâce. Vivre d’amour revient à s’interroger sur cette funeste routine nous ramenant à nous-mêmes. Ce discours quelque peu désespéré ne trouve guère d’écho avec son amie et aînée, George Sand, qui l’engage à plus d’optimisme et à prendre la vie comme elle vient et à en profiter.

Nicolas Aldevin a su tirer profit de ce magnifique matériel procuré par les états d’âme de Flaubert à travers sa correspondance, son époque et son Å“uvre comme pendant à sa pensée intrinsèque. Un très joli spectacle à découvrir d’urgence !

Laurent Schteiner

Tu aimes trop la littérature, elle te tuera d’après Madame Bovary et de la correspondance  de Gustave Flaubert
Adaptation et mise en scène de Nicolas Alvedin

avec Anna Amichia et Nicolas Alvedin et Julien Antona-jamet (piano)

Les Nouveaux Déchargeurs
3 rue des déchargeurs
75001 Paris
Tel : 01 42 36 00 02
www.lesdechargeurs.fr

Jusqu’au 27 avril 2022 les mardis et mercredis à 19h15

 

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