Le Grand Parquet nous invite à découvrir actuellement une oeuvre puissante et saluatire, L’incivile. Ce texte, écrit principalement par Lauren Houda Hussein et Ido Shaked, jette un pavé dans la mare éclaboussant l’idéologie bienpensante d’une partie de notre société prompte à stigmatiser la différence. Saisissant cette problématique à bras-le-corps, les auteurs nous en offrent une belle lecture empreinte d’humanisme et de bon sens en dénonçant les clivages sociétaux antagonistes.

Au cours d’une restitution d’un atelier théâtre sur Antigone, Nour, élève brillante de terminale, s’empare d’un voile et interprète son monologue. Aussitôt cet acte est sanctionné par le proviseur pris rapidement  en tenailles par les parents d’élèves et les réseaux sociaux. Si le prosélytisme est interdit par la loi de 1905, le cas de Nour ouvre le champ d’un vide juridique. Si Antigone présente une figure féministe avant l’heure, Nour en revêtant un voile affirme sa personnalité en revendiquant ses traditions. Cette attitude inédite pose le postulat selon lequel l’héritage culturel de l’humanité  demeure l’apanage de tous. Au nom de cet héritage transverse, ce geste dénué de tout prosélytisme ouvre la voie à des relectures d’Å“uvres classiques à l’aune d’une société française multiculturelle.

©Nicolas Martinez

Les réactions de l’établissement scolaire de Nour se fourvoient dans ses contradictions et ses débats divers où l’intolérance agite le drapeau de la laïcité. Tel un insecte pris dans les mailles d’une toile d’araignée, le personnel pédagogique se débat dans ses divisions et ses sensibilités. L’acte de Nour se prolonge en précipitant également un conflit intergénérationnel dans sa famille. Ce spectacle ouvre un débat salutaire dans notre société qui ne se saisit  à dessein que d’une partie de la problématique. La laïcité, dont on parle à l’envie, mériterait sans doute un rafraichissement permettant de s’adapter au cadre évolutif de notre société. L’exemple de Nour dans cette pièce en est la preuve éclatante. Les comédiens, en interprétant plusieurs rôles assurent une véracité étonnante à cette histoire. Leur présence scénique nous renvoie à la complexité d’un débat qui entame l’unité de notre société en créant des ghettos communautaristes. Saluons le jeu  excellent d’Anissa Daaou (Nour) dont la proximité physique avec le public nous fait partager son désespoir. Si les personnages de cette pièce représentent la sensibilité des différentes couches de la population, leur interprétation magistrale nous fait pénétrer dans la complexité d’une problématique loin d’être résolue.

Laurent Schteiner

L’incivile de Lauren Houda Hussein et Ido Shaked
Théâtre Majâz
Mise en scène de Lauren Houda Hussein, Ido Shaked avec la complicité des comédiens

Distribution : Charlotte Andrès (Mme Titange la proviseure) Laurent Barbot (le professeur de philosophie/ M. Belkacem, le prère de Nour), Anissa Daaou (Nou), Lauren Houda Hussein ( Sarah Belaïd, la professeure d’histoire-géographie) Dan Kostenbaum ( Alain Grenet, le professeur de SVT / M. Martinelli, représentant des parents d’élèves), Arthur Viadieu (Léo Michet, le professeur de français) et Noémie Zurletti (Mylène Fiorelli / Juliette Legrand, représentant des élèves)

  • Création lumière : Victor Arancio
  • Création son : Thibault Champagne
  • Costumes : Sarah Bartesaghi Gallo

Le Grand Parquet
35 rue d’Aubervilliers
75018 Paris

résa : 01 40 03 72 23
legrandparquet.fr

7 au 18 décembre 2021 :

  • mercredi 8 déc. à 19h
  • Jeudi 9 déc. à 14h30 (scolaires) et à 19h
  • vendredi 10 déc. à 19h
  • samedi 11 déc. à 19h
  • dimanche 12 déc. à 15h30
  • mardi 14 déc. à 19h
  • mercredi 15 déc. à 19h
  • jeudi 16 déc. à 19h
  • vendredi 17 déc. à 19h 
  • samedi 18 déc. à 19h

Tournées :

  • les 12 et 13 janvier 2022 à l’Azilut Antony à Chatenay Malabry
  • Le 20 janvier 2022 au Théâtre Jean Lurçat à la Scène Nationale d’Aubusson
  • Le 17 mai 2022 au théâtre de Charleville Mézières

 

 

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