Le Théâtre Dunois met actuellement à l’affiche un spectacle étonnant, Libre-arbitre de Julie Bertin et de Léa Girardet. Après le succès du Syndrome du banc de touche, où Léa Girardet racontait comment, actrice au chômage, elle avait su rebondir grâce à un certain Aimé Jacquet, elle poursuit sa collaboration avec Julie Bertin (du Birgit Ensemble). Cette fois, elle nous présente l’histoire insensée de Caster Semenya athlète sud-africaine, spécialiste notamment du 800 mètres et vainqueur aux JO de Berlin en 2009.

Dans les bureaux de l’I.A.A.F. (International Association of Athletics Federations), la Fédération Internationale apprécie à la loupe la médaille d’or remportée par Caster Semenya lors du 800 mètres. En effet, la Fédération internationale s’imagine que la victoire de Caster Semenya relève d’un désordre hormonal générant davantage de testostérone que ses concurrentes. De là à penser qu’elle serait plus un homme qu’une femme, il n’y a qu’un pas. Ce saut dans le vide est franchi par la Fédération qui soumet l’athlète à des examens médicaux humiliants afin de savoir si elle est véritablement une femme. Condition sine qua non pour concourir à nouveau, Caster s’y soumet de mauvaise grâce. Ce traitement hormonal altérant ses performances, elle sera contrainte de se priver de compétitions pendant de longs mois. Malgré tout, elle sera double championne olympique et triple championne du monde sur cette distance. S’il est désormais acquis qu’une femme possède de la testostérone, son hyperandrogénie continue de susciter la polémique. Déboutée par le Tribunal Arbitral du Sport (T.A.S), institution indépendante basée à Lausanne qui participe à la résolution des litiges dans le domaine du sport, la Fédération Internationale accusée de discrimination, d’hétérocentrisme et de sexisme, élabore un nouveau règlement plus contraignant afin d’abaisser le nombre de nanomoles dans le corps d’une femme ! En 2022, Caster Semenya est toujours en litige avec l’I.A.A.F et poursuit son combat judiciaire.

crédit photo : Simon Gosselin

Cette histoire hors-normes appelle une mise en scène originale. De la piste d’athlétisme aux bureaux de la Fédération Internationale ou encore au T.A.S., les comédiennes accomplissent un véritable tour de force en nous relatant cette folle histoire aux accents cinématographiques. Elles passent d’un personnage à l’autre en étant totalement habitées. Réalisant une véritable performance, elles interrogent notre société sur le corps de la femme en tant qu’enjeu social et politique. L’élargissement de cette question pose le problème sur la complaisance envers une binarité des sexes de bon aloi sous-tendant une discrimination envers les autres.

Laurent Schteiner

Libre arbitre de  Julie Bertin et de Léa Girardet
Mise en scène de Julie Bertin

avec Cléa Laizé, Léa Girardet, Juliette Speck et Julie Teuf

  • Collaboration artistique : Gaia Singer
  • Scénographie et vidéo : Pierre Nouvel
  • Création sonore : Lucas Lelievre
  • Création lumière : Pascal Noël
  • Costumes : Floriane Gaudin

Théâtre Dunois
7 rue Louise Weiss
75013 Paris

Tel : 01 45 84 72 00
www.theatredunois.org

Jusqu’au 28 mai 2022 à 20h

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