En aparté : Antoine Nouel

par | 24 Août 2022

Antoine Nouel auteur sera à l’affiche du Studio Hébertot dès le 1er septembre prochain dans Deux mains, la liberté. Ce spectacle événement signe un début de saison remarqué dans ce lieu propice à la belle création.  Découvrez notre entretien avec Antoine Nouel, un artiste passionné par son art. 

Quel est le sujet de cette pièce ?
Je commence toujours par cette phrase « c’est l’histoire la plus incroyable du XXe siècle que personne ne connait ! » Felix Kersten, simple médecin en thérapie manuelle en sauvera plus de cent mille en choisissant de soulager par ses massages un des plus proches disciples du Mal fait homme. Estonien de naissance, naturalisé Finlandais, Hollandais par sa mère et Allemand par son père, il montrera au Monde que la Vie n’a ni couleur, ni religion, ni parti. Ce bon Docteur, comme l’appelle le Monstre, réveillera le peu d’humanité qu’il reste dans l’inhumanité de son patient. L’homme est semblable à une vapeur, ses jours sont comme l’ombre qui passe, personne ne peut faire sortir le pur de l’impur, sauf… »
Voilà pour le pitch mais pour résumer : Schindler est un détaillant alors que Kersten est un grossiste. Schindler a sauvé entre 800 et 1.000 personnes et Kersten au minimum selon le Congrès Juif Mondial 100.000 personnes dont 60.000 juifs. Moi je pense qu’on se situe davantage autour de 200.000 à 300.000 personnes sauvées grâce à ses massages en massant le bras droit d’Hitler, le Reichfüher Heinrich Himmler.

Comment est né ce projet ?
Il y a 7 ans, mon neveu m’a offert les mains du miracle de Joseph Kessel. J’étais frappé que ce sujet n’ait pas été repris alors que le livre datait de 1960 ! C’était une pure hérésie ! Le parcours de Kersten est proprement hallucinant. Masseur célèbre, il se taille une belle réputation jusqu’au jour où il rencontre en Allemagne un moine thibétain qui lui dit « cela fait 40 ans que je vous attends pour vous enseigner mon art ancestral, l’art du massage profond. » Après 4 ans d’enseignement Kersten récupère son cabinet et sa clientèle. Parmi elle, 2 industriels de renom August Diehl et August Rosterg, magnats du fer et immensément riches. En 1932, Himmler n’était que le chef de la SS. Atteint d’un dérèglement neurovégétatif, Himmler, reçoit les soins de Kersten à la demande de ces 2 industriels. Kersten bâtira sa légende ainsi en monnayant ses services au fil du temps et pendant la guerre en échange de vies humaines sauvées. Himmler acceptera ce marché. Je pense que ne pas parler de Kersten est profondément dommageable.

Votre mise en scène s’est-elle dessinée au moment de l’écriture ?
Oui et très précisément même. Il y a 7 ans, je me suis dit qu’il fallait que j’écrive un scénario ou une pièce. La vie a mis sur mon chemin toutes les personnes nécessaires pour que j’arrive à écrire cette pièce. J’ai ainsi rencontré mon co-auteur, Franck Baugin, un scénariste talentueux qui a écrit des quantités de scénarios. Le temps pressait car énormément de projets sont en cours sur ce sujet, notamment aux Etats-Unis où un long métrage est en cours de réalisation. Il m’a écrit le fil rouge de cette histoire que j’ai exploité pendant près d’un an en prenant des notes, des citations, en les isolant…

Vous êtes metteur en scène de cette pièce, avez-vous bénéficié d’un regard extérieur lorsque vous étiez sur le plateau lors des répétitions ?
Non, mais vous savez j’ai eu la chance d’être formé chez Jean-Laurent Cochet qui m’a tout appris. Il avait une manière très simple de nous enseigner les choses. Au lieu de nous apprendre l’art de jouer, il nous apprenait l’art de dé-jouer, d’éviter la récitation.

De l’Actor Studio..
Voilà, mais lui était très en avance dès les années 70 avant que cette méthode n’arrive en France. Extrêmement rigoureux et dur, il m’a énormément apporté. Il privilégiait le texte.  Il disait  : « la seule colonne vertébrale dans une mise en scène est le texte. » Si le texte est suffisamment fort, on n’a besoin de rien d’autre. On est ravi de jouer au Studio Hébertot où on est super bien accueillis. On y a installé un décor marquant qui fait froid dans le dos, c’était un peu le but recherché ! Malgré tout, J’ai fait en sorte que cela ne soit pas trop sérieux. L’idée est de toucher les gens, leurs cÅ“urs, leurs âmes pour ouvrir leur sensibilité.

Propos recueillis par Laurent Schteiner

 

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