Le romancier Philippe Besson signe un premier texte pour le théâtre actuellement à l’affiche du Théâtre 14. Porté avec sensibilité par Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen, « Un tango en bord de mer » s’avère être une ode à l’amour d’une simplicité et d’une poésie désarmante. 

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Ils se sont aimés, follement, passionnément, douloureusement. Stéphane et Vincent se retrouvent quelques années plus tard, par hasard une nuit dans un bar d’hôtel de province, au bord de la mer. Est ce le charme désuet de cet endroit déserté, les verres de vodka qui s’accumulent et délient les langues ? Se sentant libérés les deux anciens amants réussissent enfin à s’avouer les choses après ce temps passé, ils se livrent leurs rancÅ“urs et les non-dits de cette passion pour pouvoir se dire un dernier au revoir. A moins qu’ils ne retrouvent,intacte, la flamme qui les a dévoré …

Dans ce texte Philippe Besson parvient à saisir avec humilité l’essence même du sentiment amoureux. Les petits détails qui prennent une importance folle, comment tout ce qui nous bouleverse au départ chez l’être aimé finit inéluctablement par nous agacer au plus haut point, la vie en somme. S’il s’agit ici des amours de deux hommes, la règle n’en est pas moins universelle. Stéphane sait que Vincent est insaisissable, qu’il est voué à souffrir à ses côtés mais son attirance est plus forte que sa peur il lui faut vivre cette folie. Avec le recul, les années qui ont passé tous deux parviennent, non sans difficulté parfois, à aborder leur séparation avec honnêteté, à en comprendre les raisons. Le crescendo de ce dialogue se situe précisément dans les raisons de cette séparation, les comédiens installant une tension dramatique entre eux, palpable et empreinte de sensualité. Ils ont encore quelque chose à vivre, c’est certain. Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen tiennent les enjeux de ce huis-clos avec maestria, chacun jouant son personnage avec précision et générosité. Dans cette atmosphère feutrée leurs caractères si différents se révèlent, leurs sentiments se dévoilent peu à peu, représentant à eux-seuls toute l’action de la pièce. La mise en scène de Patrice Kerbrat s’efface d’ailleurs subtilement pour ne mettre en lumière que les deux hommes et les mots sublimes de Philippe Besson. Une partition extrêmement équilibrée qui rappelle précisément la structure même du tango, parfait mélange de force et de douceur. 

Audrey Jean 

« Un tango en bord de mer » de Philippe Besson 

Mise en scène Patrice Kerbrat 

Avec Jean-Pierre Bouvier et Frédéric Nyssen 

Crédits photos Véronique Vercheval 

Jusqu’au 25 Octobre 

Mardi, vendredi et samedi à 20H30
Mercredi et jeudi à 19H
Samedi à 16H

Théâtre 14 

20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris

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