Ils sont de retour, les chiens enragés de Jean-Christophe Meurisse, avec une création toujours plus délirante et unique ! Les Chiens de Navarre dynamitent une nouvelle fois le Théâtre des Bouffes du Nord avec un titre énigmatique  « Les Armoires Normandes ». Apres le monde de l’entreprise c’est cette fois le sentiment amoureux et le rapport au couple qui est ici passé au crible par ces dingos, sujet ô combien passionnant. Certains disent déjà qu’ils vieillissent … faites vous donc votre propre opinion ! Et si vous ne les connaissez pas encore, accrochez vous, ça secoue !

cote-slide-armoires-1

C’est Jesus crucifié lui-même qui vous accueille dans ce nouvel ovni, surplombant de son perchoir une plage idyllique spécialement créée pour le plateau des Bouffes du Nord. Tout ensanglanté sur sa croix, il se plaint à qui veut l’entendre du poids que ça représente depuis 2000 ans d’être un symbole d’amour et de pardon. Effectivement, vu sous cet angle c’est plutôt la galère d’être Jésus. Le ton est donné, vous ne serez pas au bout de vos surprises les Chiens de Navarre n’épargnent rien, ni personne. Fidèles à leur théâtralité de l’extrême ils sont avant tout là pour s’amuser et au passage exploser quelques codes. Rappelons déjà leur processus créatif original, il se caractérise par des écritures de plateau, des laboratoires sur des thèmes ou situations donnés sous la houlette de Jean-Christophe Meurisse, l’improvisation y est essentielle, le comédien le point de départ. On le sent à chaque seconde, rien n’est figé, tout peut toujours déraper avec ces fous furieux, le champs des possibles reste infini avec ces acteurs parfaitement rodés à l’exercice de la répartie. Pour les aficionados de la troupe le suspense demeure également entier car enfin, il est impossible de deviner jusqu’où ils peuvent aller. « Les Armoires Normandes » ne déroge pas à la règle et délivre des moments d’anthologie à commencer par cette scène d’ouverture hallucinante. La suite est de cette trempe, on retrouve à l’instar de « Quand on pense qu’on va vieillir ensemble » les décapantes scènes de thérapies ici orientées sur le couple et la dissonance des points de vue entre hommes et femmes. Après c’est un festival, les chiens se lâchent, vomissent du sang, explosent des ballons, baisent, font des concours de slip et n’oublient pas bien sur de montrer à qui veut des bouts de fesses et plus si affinités. Aucune limite, le corps comme moyen d’expression le plus immédiat, une matière de travail et de réflexion comme une autre, un matériau vrai et profondément ancré dans le réel. Car au delà de nous faire furieusement rire les Chiens n’en épinglent pas moins nos travers les plus honteux, ils restent avant tout des observateurs féroces de l’humain, jamais vulgaires toujours réalistes, et force est de constater qu’avec leur humour affuté tout passe. Au terme d’un Sirtaki endiablé interprété par deux créatures poilues le public conquis et hilare, sans surprise, en redemande. Usés les Chiens de Navarre, vraiment ?

Audrey Jean

« Les Armoires Normandes » une création collective des Chiens de Navarre
dirigé par Jean-Christophe Meurisse

Avec Caroline Blinder, Solal Bouloudnine, Claire Delaporte, Céline Fuhrer, Charlotte Laemmel, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual et Jean-Luc Vincent

Jusqu’au 22 Mars
Du mardi au samedi à 20H30
Dimanche à 16H

Théâtre des Bouffes du Nord

37 bis bd de la Chapelle
75010 Paris

Share This