Après « Le corbeau et le pouvoir » Jacques Forgeas prolonge sa recherche autour des destinées d’auteurs emblématiques avec cette nouvelle création « L’Adieu à la scène ». Il explore ici plus attentivement la personnalité entière de Jean Racine en revenant sur un étonnant épisode de sa carrière de dramaturge, Racine a en effet tout à coup arrêté d’écrire pour le théâtre à la simple demande du roi Louis XIV.

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C’est bien en écrivant « Le corbeau et le pouvoir » que Jacques Forgeas découvre cette histoire pour le moins invraisemblable. Alors qu’il est l’un des dramaturges les plus en vue du moment, Racine se voit offrir une proposition qu’il estime ne pas pouvoir refuser, devenir historiographe du roi Louis XIV. Mais s’il accepte de travailler à la cour cela implique irrémédiablement qu’il abandonnerait tout de go l’écriture théâtrale. Étonnamment Racine a l’air sûr de son choix et hésite somme toute assez peu. L’attirant par un stratagème audacieux dans une loge de l’Hôtel de Bourgogne, Jean de La Fontaine son cousin et ami,  tente cependant une dernière fois de le convaincre de changer d’avis, aidé dans son argumentaire par deux jeunes filles admiratives des deux hommes. Un huis-clos passionné où chacun aura à coeur de dévoiler son rapport intime à l’écriture et à la scène.

En imaginant ce dialogue Jacques Forgeas nous permet d’entendre les arguments qu’aurait pu avancer jean Racine pour justifier ce choix soudain et étrange de devenir historiographe du roi. En plus de La Fontaine l’auteur positionne Racine face à deux jeunes filles qui semblent au départ totalement extérieures à ces problématiques d’intellectuels. Mais très vite, les deux femmes prendront la parole au nom du public, faisant résonner avec force les émotions que peut provoquer chez un spectateur un texte de théâtre. À l’instar de sa précédente création, Jacques Forgeas tend ainsi à faire découvrir des aspects plus intimes des personnalités de ces auteurs célèbrissimes. Grâce à la mise en scène toute en sobriété de Sophie Gubri, ce sont aussi les acteurs qui sont ici particulièrement mis en lumière. Baptiste Caillaud, Clovis Fouin, Katia Mirran et Perrine Dauger font preuve d’une belle maîtrise face à ces figures historiques et surtout d’une très belle écoute. Cette jeune équipe met toute sa fougue au service de ce débat d’idées enlevé et passionnant, des comédiens généreux qui mettent toute leur énergie à défendre le pouvoir magique du théâtre dans la magnifique salle du Ranelagh.

Audrey Jean

« L’Adieu a la scène » de Jacques Forgeas
Mise en scène Sophie Gubri

Avec Baptiste Caillaud, Clovis Fouin, Katia Miran et Perrine Dauger

Crédits photos : Nathalie Mazéras

Théâtre du Ranelagh a 19H

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