Emilie Le Roux a signé de belle manière la mise en scène de ce texte puissant de Nathalie Papin. Rarement traduit au théâtre, le thème du coma soulève toujours des questions existentielles. Nathalie Papin s’en est saisie afin de présenter cette situation qui semble échapper à tout contrôle. La mise en scène pousse vers cet entre-deux mystérieux où la conscience perd soudain pied. Message éminemment optimiste, cette fable s’avère être un objet théâtral profond et poétique.

Paco, dans le coma suite à une rupture d’anévrisme, se retrouve dans un ailleurs complètement déroutant. Dans une barque avec une femme, ils sont aspirés dans un tourbillon. Puis tout se stabilise. Il jouit d’une quiétude et il se sent bien. Si ce n’est qu’un étrange âne vient le mordre de temps en temps pour le ranimer. Cette morsure lui rappelle quelque chose mais quoi ? Et puis, il y a cette femme qui pleine de joie lui propose une errance sans fin. Le lieu se prête à l’étrange tout comme les personnages rencontrés. Et puis des voix surgissent de nulle part qui l’interpellent de façon mystérieuse. Il entend la voix de son fils Uriel qui n’a visiblement pas besoin de lui. Mais il y a surtout cette petite fille qu’il ne connait pas et qui lui demande d’être son père. Que se passe-t-il ? Un dialogue avec son corps lui permet de comprendre soudain l’enjeu. Doit-il vivre ou mourir ? Alors que la morsure de l’âne ne produit plus l’effet escompté, Paco prend une décision…

Nathalie Papin explore l’intime de ce passage particulier, cette traversée invisible pour le monde des vivants. Un moment où tout est en balance et où tout peut s’achever ou au contraire continuer. Où en est la conscience ? Décide-t-elle de tout ? Au-delà de ce conte, l’auteure apporte légèreté, poésie et l’optimisme à ce thème grave. La mise en scène d’Emilie Le Roux traduit ces moments de doute, d’interrogation où les jeux de lumière et les silences se disputent cette part d’étrange propre à cette antichambre de la mort. La scénographie nue témoigne de cet ailleurs déroutant et mystérieux. Emilie Le Roux adapte avec sensibilité et intelligence ce moment de vérité où tout se joue : l’avenir comme le néant. Une traversée qui sublime la vie !

Laurent Schteiner
TOURNÉE
15 décembre : THEATRE DE CORNOUAILLE – scène nationale, Festival Théâtre À Tout Âge / Très Tôt Théâtre – scène conventionnée Art, enfance, jeunesse, Quimper [29]
3 > 6 février : THÉÂTRE DE LA VILLE, Théâtre des Abbesses, Paris [75]
14 et 15 avril : LE GRAND T – Théâtre de Loire-Atlantique, Festival Petits & Grands, Nantes [44]
La morsure de l’âne de Nathalie Papin
Mise en scène Émilie Le Roux
Avec Julien Anselmino, Dominique Laidet, Lou Martin-Fernet, Martine Maximin, Najib Oudghiri

  • Assistanat mise en scène : Fanny Duchet
  • Régie générale & plateau : Bérénice Giraud
  • Création & régie lumière : Éric Marynower
  • Création & régie son : Gilles Daumas
  •  Direction musicale – bande son : Roberto Negro
  •  Interprétation musicale : Théo Ceccaldi (violon), Manon Gillardot (violoncelle), Roberto Negro (piano), Valentin Ceccaldi (conseil)
  • Enregistrement & mixage : Mathieu Pion
  •  Création vidéo : Pierre Reynard
  • Création masque : Mario Broutin
  • Costumes : Laëtitia Tesson
  • Scénographie : Stéphanie Mathieu
  • Réalisation scénographie : Nicolas Picot & Ateliers de décors du TMG, Pierre Ploteau
  • Administration & production : Danaé Hogrel
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