Pierre-Yves Desmonceaux sera prochainement à l’affiche du Lucernaire avec un monologue de Gilles Ségal « En ce temps là, l’amour ». Un récit bouleversant qui met en lumière la puissance de l’amour paternel et la capacité intrinsèque de l’homme à survivre. A partir du 24 Septembre !

Survivant d’Auschwitz un homme Z fait face à ses souvenirs et se rappelle du trajet interminable vers cet enfer en devenir. Comme pour se délivrer il raconte à son fils vivant loin de lui comment, durant 7 jours et 6 nuits, il a assisté à la plus belle et la plus folle preuve d’amour d’un père à son fils.

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« Mon fils, ces gens crient si fort parce qu’ils ne veulent pas que tu entendes mes raisons et que tu devrais être capable de trouver la réponse tout seul ! dit-il en souriant. En souriant ! En ce temps-là, l’amour était de mentir aux enfants. »

Nul besoin de fioritures dans cette mise en scène. La dureté du propos, l’écriture ciselée de Gilles Ségal et surtout la prestation millimétrée de Pierre-Yves Desmonceaux suffisent amplement à captiver le spectateur. Une intimité douce et terrible se crée au fur et à mesure que l’on plonge avec cet homme au cÅ“ur des atrocités de la seconde guerre mondiale. Ce train pourtant sera le lieu du pire comme du plus beau, et nous assisterons, émus, à ce récit poignant où le temps semble s’être arrêté. C’est cette course contre la montre qui rythme le destin de cet homme, son désir de transmettre le plus de choses possibles à son fils avant la fin. Chaque minute, chaque seconde compte pour que sa courte vie soit la plus riche possible. En choisissant de lui enseigner sans s’arrêter tout ce qu’il sait des mathématiques, de la philosophie, de l’histoire, cet homme emmène son fils dans un autre monde, un monde où les cadavres ne s’entasseraient pas à quelques mètres d’eux. Ainsi la transmission du savoir, la connexion sublime entre eux deux devient  une échappatoire à l’aliénation inéluctable de l’esprit. Car comment l’homme pourrait-il vivre cet évènement et ne pas perdre la raison ? Il ne peut pas, tout simplement. Cette bulle de liberté absolue, ce moment de vie si surréaliste soit-il dans un espace plombé envahi par la mort, sera leur unique bouée de sauvetage face à une folie certaine. Le rapport s’inverse d’ailleurs régulièrement, lorsque le père faiblit le fils prend la relève de ce jeu de dupes salvateur. Par extension leur amour incommensurable va permettre à Z de se détacher lui aussi de l’horreur, peut-être même de le sauver. La mise en abîme apportée par cette distanciation dans le récit évite avec brio l’écueil du pathos, il ne reste que la beauté fulgurante de la survie de l’homme, la force de l’amour par delà l’indicible horreur.

Audrey Jean

« En ce temps là, l’amour » de Gilles Ségal

Interprété et mis en scène par Pierre-Yves Desmonceaux

Crédits photos : Eric Blaise 

Du 24 Septembre au 16 Novembre
Du mardi au Samedi à 20H
Dimanche à 15H

Théâtre du Lucernaire
53 Rue Notre Dame des Champs
75006 Paris

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