Le Lucernaire nous convie depuis peu à un spectacle hors-norme: l’histoire d’amour insolite d’un homme…et d’une vache. Cette pièce traduite sous forme de monologue nous rappelle combien cet exercice est périlleux.
Ce spectacle original met en exergue une belle nouvelle de Roland Dubillard où l’absurde est roi. Le narrateur, qui n’avait plus goût à rien, se sent renaître aux côtés de son ruminant. Il se jette alors à corps perdu dans cette passion nouvelle, et cette expérience intense le plonge dans un état désespéré proche de la folie. Dans un univers volontairement sombre, ce très beau texte prend de l’ampleur grâce notamment à l’utilisation de la musique décalée d’Erik Satie.
Le comédien Patrick Coulais est seul en scène, volontairement plongé dans une obscurité quasi-totale, comme pour mieux nous attirer dans les abimes de sa pensée torturée. La pénombre ambiante est accentuée par un plateau presque vide. Un divan rouge, unique élément du décor, nous projette dans l’univers de la psychanalyse et confère à cette fable des allures de confessions coupables. Grâce à cette scénographie, le spectateur erre sans arrêt entre vie réelle et vie fantasmée. Pour autant au fil du texte, le spectateur se perd dans un labyrinthe où les clichés sur la folie amoureuse sont un peu trop présents.
Le violoniste Jean Leber joue à des moments précis des extraits de Satie, contribuant ainsi à l’atmosphère étrange de cette fable. La musique est servie harmonieusement. La mélodie se superpose parfaitement à la voix du personnage en répondant à ses interrogations folles. Cependant il est regrettable que le musicien ne dispose pas d’un rôle plus marqué dans le spectacle. Il joue uniquement de son instrument en arpentant le plateau . Ce regret est également partagé concernant le narrateur qui, certainement en vertu du décalage de la situation, ne nous propose pas toujours des actions justifiées.
Malgré une belle performance du comédien Patrick Coulais, ce texte passionnant aurait gagné en profondeur si la mise en scène avait été davantage fouillée.
Audrey Jean
Olga ma vache de Roland Dubillard
mise en scène de Maryvonne Schiltz et Patrick Coulais
avec Patrick Coulais
Musique: Erik Satie
Violon: Jean Leber
Crédits photo: Eve Zheim
Le Lucernaire
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