Naomi Wallace, auteur américain prolixe, a récemment gagné ses lettres de noblesse en étant récemment joué à la Comédie Française (Une puce, épargnez la). Second auteur après Tennessee Williams à effectuer une entrée remarquée dans l’enceinte sacrée de la Comédie Française, elle nous revient cette fois à travers un ouvrage de théâtre remarquable publié aux éditions Théâtrales. Elle nous plonge au cœur de l’Alabama, à Birmingham dans les années 30, pendant la Grande Dépression où la misère avive les tensions raciales et la lutte des classes. Mais cette pièce témoigne d’un engagement bien plus profond en mettant en exergue des problématiques fortes comme le besoin de transmission ou la confiance en l’autre.  

 

Cette pièce aux multiples couleurs embarque le lecteur dans une Amérique où noirs et blancs s’affrontent sur des terrains sociaux face aux idéaux sociaux qui secouent le monde. L’idéal communiste traverse cette crise de 29 en proposant une aspiration égalitaire à des ouvriers broyés par un capitalisme inhumain qui fait rage. Tice Hogan, ouvrier noir à la retraite vit pauvrement avec sa fille Cali. Celle-ci, lavandière pour des familles blanches aisées, partage les visées d’émancipation de son père, membre actif du parti communiste. TCI (Tennessee Coal, Iron and Railway Company), créée à la fin du  XIXe siècle, constitue l’une de ces grandes entreprises américaines qui ont dominé l’économie américaine à cette époque. Etat dans l’état, cette toute puissance entreprise représente en Alabama le capitalisme et l’asservissement de la classe ouvrière. La Grande Dépression accentue les clivages sociaux par delà les races et incite ces grandes entreprises à mener une lutte sans merci aux communistes « fauteurs de trouble ».

 

C’est dans ce contexte que Corbin Teel, jeune ouvrier blanc, accusé du meurtre d’un contremaitre trouve refuge chez les Hogan. Le talent de Naomi Wallace nous conduit au cœur de la crise de 29 en situant le point de départ à l’intérieur de cette famille démunie. Le décor ainsi planté permet d’instiller à ce huis clos des rapports humains complexes qui se nouent entre ces trois protagonistes. Quête du bonheur, sensualité, transmission d’idées et de savoir et confiance accordée à l’autre constituent les ressorts essentiels de cette très intéressante œuvre.

 

Laurent Schteiner

 

Les heures sèches de Naomi Wallace

Traduit de l’anglais par Dominique Hollier

Prix : 13 €

ISBN : 978-2-84260-600-8

 

éditions Théâtrales

20 rue Voltaire

93100 Montreuil

www.editionstheatrales.fr

 
 

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