Ce spectacle de et mis en scène par Ahmed Madani qui se donne au 11. Gilgamesh Belleville est un petit bijou d’intelligence et de finesse. Soulevant l’un des problèmes majeurs qui s’est posé à nos sociétés européennes lors du conflit avec Daesh, Ahmed Madani décrypte et décortique avec minutie l’embrigadement de mineurs pour aller en Syrie. Ce spectacle qui rétrospectivement fait froid dans le dos alerte nos consciences sur les dangers des réseaux sociaux sur nos enfants, des proies faciles par excellence.

Chacun d’entre nous garde en mémoire le sort réservé à ces mineurs ayant fui leurs familles pour rejoindre Daesh et l’impuissance des parents dont la culpabilité se traduit par un manque patent de vigilance. Comment être vigilant quand on ignore tout du danger qui menace sa famille ? Ahmed Madani pose ses questions avec acuité et pertinence. Au fil du spectacle, la tension monte et la tragédie s’annonce. La peur est âpre et nous soulève le coeur en nous remplissant de dégoût. Nina du haut de ses 15 ans nous fait frémir par sa crédulité et son ignorance.  Tout le processus d’embrigadement se déroule sous nos yeux. On se prend à s’imaginer à la place de cette mère désemparée et impuissante face au mensonge, à cette mascarade qui détruit les familles. Ahmed Madani traite le problème en appelant à une certaine philosophie de vie : la jeunesse a un besoin désespéré de se trouver une place dans une société repliée sur elle-même. Une piste sans doute à explorer. En attendant, Ahmed Madani se joue de nous en nous présentant cette histoire comme un simple pétard mouillé ou un ballon de baudruche qui se dégonfle de lui-même. Le spectateur  reprend son souffle et se prend à sourire malgré tout. Mais les questions restent suspens…Et si…

Le déroulement narratif de la pièce est original puisque la mère et la fille se racontent leur vécu commun qui aurait pu détruire leur famille à jamais. Chaque point de narration voit imediatement son déroulé. Ces pauses narratives apportent du rythme au propos de la pièce. Mourina Barbouch, Louise Legendre et Valentin Madani excellent dans leur rôles en apportant une telle touche de véracité à leur jeu qu’on ne peut qu’être submergé par l’impuissance, l’ignorance et la haine. Si le théâtre met en scène la vie, il nous accompagne prodigieusement dans notre réflexion. De sorte qu’il assure un lien où la compréhension pemet d’explorer sans relâche toutes les solutions possibles au regard des défis qui nous menacent. À cet égard, Ahmed Madani en est l’un des plus fervents animateurs.

Laurrent Schteiner
J’ai rencontré Dieu sur Facebook de et mise en scène de Ahmed MADANI
Avec Mourina BARBOUCH Louise LEGENDRE et Valentin MADANI

  • Ass. Mes Valentin MADANI
  • Création sonore : Christphe SECHET
  • Création lumière et régie générale : Damien KLEIN
  • Costumes : Pascale BARRE
  • Copyright photos : François-Louis ATHENAS
  • Copyright photos : François-Louis ATHENAS

11.Gilgamesh Belleville
11 bd Raspail
AVIGNON
11h50

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