Des tziganes, une poubelle, des bouteilles en plastique, ce sont quelques-uns des éléments hétéroclites qui nous transportent au cÅ“ur d’un cabaret fantasque et déjanté. Sur fond de chansons piquantes et originales, la compagnie Jean-Daniel Laval dresse le portrait décalé et sans concession de notre société. L’humour et la musique de ce spectacle prennent le pouvoir ici de nous faire réfléchir en décryptant l’actualité de façon cocasse. Et c’est avec délectation que le public s’abandonne à ces trublions d’un nouveau genre qui allient le cabaret au théâtre.


Cette joyeuse troupe nous propose une écriture incisive et provocatrice mais aussi pleine de poésie. Les sujets se succèdent (l’identité nationale, les religions, ou encore l’écologie…). A la manière des chansonniers d’autrefois, ils consacrent textes critiques sur notre quotidien et musiques aux accents d’ailleurs. Les voix s’unissent aux instruments dans une très belle harmonie. Plus le son est mélodieux, plus la parole est acerbe mais tellement juste.

 

A l’image de notre planète, le plateau représente le désordre qui l’agite. Cette vision se superpose au son et certains éléments du décor prennent vie de manière surprenante. Une mer constituée de bouteilles en plastique se transforme soudain en rideau, une poubelle renferme une multitude d’accessoires, libère un ballon symbolisant notre Terre. Cette scénographie originale offre aux spectateurs une fluidité dans la conduite même du spectacle.

 

Une mise en scène précise et judicieuse oppose deux groupes qui se croisent, se charment, se battent comme pour mieux symboliser les disparités entre les classes sociales et les différentes ethnies. Les rapports évoluent sans cesse entre les personnages de sorte que chacun tour à tour domine l’autre. Le public même, comme au sein d’une démocratie participative, est pris à parti afin que la scène devienne un espace de libre parole.

 

Le talent des six comédiens complète le charme magique de cet objet théâtral inclassable. Réinventant l’esprit de cabaret, les comédiens maîtrisent leurs instruments, chantent pour notre plus grand plaisir et poussent même la fantaisie jusqu’à nous gratifier de quelques chorégraphies enlevées. La troupe remet au goût du jour la satire musicale et fait souffler un vent frais d’originalité.

 

Audrey Jean

 
Au bonheur des hommes de Jean-Marie Lecoq et Clarisse Catarino
Scénographie et lumière Philippe Quillet
Avec Veronique Ataly, Christian Gaïtch, Jean-Marie Lecoq et le groupe « Djazz’Elles » Clarrise Catarino, Eva Slongo, Anne Gouraud-Shrestha
Photos Serge Dangleterre
Lucernaire
53 rue ND des champs
75006 Paris
Tel : 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr
du mardi au samedi à 21h30

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